lundi 31 janvier 2011

06 - 男同性戀

06 - 男同性戀Mon compagnon est reparti ce matin. Nous n'habitons pas ensemble à cause du travail. 800 km nous séparent. J'ai donc hâte, maintenant que j'ai du temps à ne consacrer qu'à moi-même, hâte de reprendre le fil. Il y a quelques temps, j'ai définitivement retrouvé la trace de Che Nen : il habite en Corée du Sud, où il travaille pour une société qui...mais non, je ne peux la désigner clairement, j'ai peur de lui causer du tort. J'ai bêtement retrouver sa trace en consultant un répertoire professionnel. Du coup, je ne sais pas pourquoi, j'ai cherché un mot en Corée que je pourrais aisément identifier. Pas trouvé. Je me suis rabattu sur un site qui propose des mots traduits. Homosexuel se dit 男同性戀 en chinois. Cela peut sembler idiot mais je trouve ce mot, ainsi écrit, beau.

Il semble que Che Nen habite quelquepart à Daejeon. Y suis allé sur Google Earth.




 06 - 男同性戀

mercredi 26 janvier 2011

05 - Le cartable de cuir

05 - Le cartable de cuir
Mars 1991, trois mois d'une bizarre relation : il passait ses semaines à bûcher ses cours de Terminale S en vue du Bac ; les week-end se répartissaient selon nos disponibilités. C'était pas très évident d'avoir à concilier nos entourages respectifs. On ne sortait plus que rarement au Rocambole désormais et il arrivait même qu'on ne fasse que se croiser durant la semaine. Rapidement. Trop rapidement. Les choses commençaient à se caramboler dans mon quotidien que j'avais de plus en plus de difficulté à maitriser : elle ne supportait plus nos très longs silences ; je commençais à boire un-deux-trois verres de bourbon chaque soir ; je passais de longs moments, en fin d'après-midi, après mes cours, à pleurer, seul. Alors je suis allé jusque dans son quartier résidentiel de Maubeuge. Un lundi matin. Il était 07h30. J'ai garé la Nevada le long d'un trottoir : en contre-bas, le chemin de son lycée, à 100 mètres de chez lui. Il m'a vu. Il portait son cartable de cuir, walkman sur les oreilles, Supertramp encore et toujours. De quoi a-t-on parlé ? Je ne sais plus. Je me souviens qu'il était heureux de me voir, moi aussi. Pourquoi avait-il un si vieux cartable ? Lui si jeune. Et moi, où étais-je alors, du haut de mes trente ans ? J'allais bientôt dégringolé sévère.

lundi 24 janvier 2011

04 - School

L'année que nous venions de passer à Nantes avec les enfants avait fait tanguer notre navire. Déjà qu'il avait pris un peu l'eau depuis trois ans et demi que nous naviguions ensemble sur cette Terre.... Notre retour sur Maubeuge puait la manœuvre d'évacuation d'urgence : sortir les canots, évacuer les plus fragiles et tenter de se sauver soi-même enfin. Sans doute je balisais à l'idée de m'engager sur un sentier bizarre : comment parvenir à concilier tous ces hommes qui se multipliaient en moi...l'ex étudiant de Lettres, le futur trentenaire, le marié, le père, l'amant, le fils...et maintenant le prof ! Ça commençait à faire beaucoup de personnes à gérer... D'autant plus compliqué que je ne me suis jamais senti le droit de convoquer tous ces gens au même endroit.04 - School
Aucun souci mitterrandien là-dedans de cloisonner une vie multipliée ou de cacher quoique ce soit à qui que ce soit. En aucun cas deux de ces avatars ne se seraient télescopés dans la même pièce parce que je suis incapable de décevoir l'Autre tant mon bonheur dépend du Sien.
Le jour de mon trentième anniversaire, c'était un samedi de décembre 1990, il avait neigé toute la nuit précédente. Les enfants faisaient leur sieste comme d'habitude. Leur mère me faisait la gueule comme d'habitude. Je suis sorti faire un tour en ville, écouter du Supertramp à fond dans la voiture était un plaisir sans fin. En 81, j'avais été les voir à Lorient en concert. Depuis septembre, la promesse de ne plus fréquenter les remparts pour éviter de mélanger les genres me pesait. Mon regard aperçut sa silhouette noire qui se découpait sur ce ciel laiteux. Un gamin fumait nerveusement. Il m'attendait en fait. Il ne pouvait que m'attendre. Et je ne pouvais qu'arriver à lui. Cet après-midi-là, je suis né avec trente ans de retard. Je ne savais pas que ça faisait si mal de respirer l'air, si difficile de mettre un pied devant l'autre pour avancer. Il écoutait aussi du Supertramp.
04 - School

vendredi 21 janvier 2011

03 - Vroum...vroum...

Sur son blog, il y a quelques jours, j'apprends qu'il est en Corée du Sud... Visiblement, il y travaille pour je-ne-sais-qui, à je-ne-sais-quoi... Si je lis bien entre les lignes, son job est en relation avec Renault. Lorsque nous nous étions rencontrés, en décembre 90, je lui avais demandé la date de son anniversaire :
- 16 avril
- Quoi te ferait plaisir ?
- Une Porsche.03 - Vroum...vroum...
Ça avait la simplicité de ses bientôt dix-sept ans mais ce n'était qu'une demi-boutade. Il rêvait vraiment qu'un jour, un Prince Charmant lui offre une telle voiture de luxe. Quelques semaines plus tard, en avril, nous sommes sortis au Rocambole, une boite de nuit du coin, et là, sur le parking, je lui ai tendu un paquet :
- Bon anniversaire...
- Whaooo... Quoi t'est-ce ?
- Ben, une Porsche !
Il arracha le papier-cadeau. Ça l'a beaucoup fait rire : je lui avais trouvé un modèle réduit de cette Porsche 911 dont il rêvait... Il a toujours aimé les voitures. Les « belles » voitures, disait-il. Et déjà à l'époque, il pensait travailler un jour pour cette marque.
Son blog date de 2007, en fait.

mercredi 19 janvier 2011

02 - La monnaie de ta pièce

Par convention, nous étions convenus que -- s'il voulait me quitter, dans la mesure où nous n'évoquions jamais ouvertement cette éventualité -- il devrait me rendre «la monnaie de ma pièce». Une expression que, par jeu, nous avions pris au pied de la lettre. Un jour que je tentais de lui faire comprendre que son amour pour moi me blesserait tôt ou tard, en riant, je lui dis : «tu me paieras ça».

02 - La monnaie de ta pièce
La semaine suivante, une pièce de 5 francs apparut sur la table du bar où nous jouions au snooker chaque dimanche après-midi. Je la repris, lui offris en lui disant : « Quand tu auras décidé de me quitter tout à fait, ne me dit rien, j'en mourrais. Rends-moi alors cette pièce ». Quelques semaines plus tard, en mai, il me tendit la monnaie de ma pièce. Le monde qui vacillait déjà, s'écroula définitivement.

mardi 18 janvier 2011

01 - Tsunami

Eh bien voilà...premiers pas sur la toile. Passée la cinquantaine, on se demande bien pourquoi j'avance de ce train alerte. Plusieurs choses me servent de moteur, que j'expliquerai au fur et à mesure, chaque chose en son temps. Ce qui est certain, c'est que ces "retrouvailles" avec Che Nen m'ont poussé à sauter le pas... 20 ans que je n'avais eu de ses nouvelles, si ce n'est il y a quelques années de l'avoir aperçu marchant sur un trottoir de sa ville natale...pas osé l'aborder alors...la trouille au ventre qu'il me toise malgré son petit mètre-soixante-huit et ses quelques trente ans... Il avait le même visage enfantin, la même allure gracile que lorsque notre rencontre avait dévasté ma vie...
01 - Tsunami