jeudi 29 septembre 2011

32 - Illusion


 - « Et si on achetait une maison ? » Entre une poire et un fromage, anodine la question, non ? Quasi naturelle, elle s'impose comme une évidence.
- « Ben oui, pourquoi pas ? » Le café servi, la réponse fuse, légère, attendue, aux conséquences toujours mal mesurées. C'est un écrin à la plénitude, un décor à un apparent bonheur, qui anesthésie l'esprit. On se voit visant une cible impossible à atteindre. On se voit l'atteindre malgré tout. L'illusion devient un principe de réalité.





Dès fin octobre, la messe était dite : un vieux bâtiment à restaurer dans un village paumé. Deux ans de travail, chaque mercredi, tous les week-ends. D'avril à août, jusqu'en soirée. 
La quarantaine s'annonçait reposante, bourgeoise. Gentleman-farmer presque.





Mais l'illusion a ça de navrant qu'elle ne résiste pas aux défis du temps. Et l'air devient subitement irrespirable, saturé, asphyxiant.

mercredi 28 septembre 2011

31 - Plénitude


Les blessures infligées par Che-Nen cautérisaient grâce à une convergence d’évènements : les enfants quoique encore très jeunes, grandissaient, curieux de tout. Moi, pas du tout. Leur mère s’anesthésiait au gré d’un train-train bourgeois, loin de moi. Mon psychanalyste se fatiguait des séances trop régulières, moi pas encore. Farid comblait les vides de mes journées souvent creuses. Parfois, il m'arrivait de coller mon oreille sur le sol, tenter d'entendre au loin les évènements galoper vers moi.
Mon père, sans doute envieux de cette liberté de façade, se rapprocha de moi. Ma trentaine s’équilibrait tant bien que mal, sa soixantaine à lui s’amenuisait sereinement. Et la vie apparut alors aussi intangible qu’un équilibriste en plein exercice : rien ne devait, rien ne pouvait modifier cette certitude divine.




Peut-être  cette année-là ai-je rejoint cet improbable carrefour vers lequel convergeaient tous mes avatars : l’enfant, le mari, le père, l’amant, l’adolescent,  le professeur, l’homosexuel, le voisin, l’adulte. Tous ceux-là qui divergeaient en moi depuis si longtemps, me déséquilibrant à chaque pas devant l'autre.

mardi 27 septembre 2011

12 - 漠 (mò)


12 - 漠 (mò)Plus de dix ans à vivre en compagnie de ce mogwaï m’a sans doute appris à gérer les angoisses qu’il ne manque pas de générer. Du coup, le parcours ressemble moins à une traversée du désert. Ceci dit, à quelques heures d’un énième rendez-vous avec Fa, la tension me frappe les tempes, mes jambes flageolent. Les coups de boutoir de Farid ne calment rien.



12 - 漠 (mò)L’objet du rendez-vous n’est pourtant pas énorme : juste vérifier ce que je sens déjà, savoir que le nouveau traitement fonctionne bien. Mais les mains de Fa sur mon corps, son regard inquisiteur sur ses instruments qui me scrutent, ses questions opportunes qui me dérangent toujours (« Comment allez-vous, Monsieur Chose ? Pas de prise de risque ? ») -- tout cela a le don de me déstabiliser... Je réponds toujours clairement, simplement et systématiquement sans mentir. Mon salut est à ce prix qui me coûte cher : dévoiler le plus intime de moi-même à une inconnue que je connais. Toujours cette image de l'enfant fautif face à sa mère érigée en juge.
12 - 漠 (mò)
Le désert, [ mò ] en Chinois.

dimanche 25 septembre 2011

11 – Touche pas à mon mec !

p40« Qu’elle ose te toucher, tiens… » Ainsi menaça Maki l’autre jour, en plaisantant. Cette boutade cachait mal une inquiétude grandissante : une amie de longue date a refait surface en avril, nous nous étions promis un restaurant, en tout bien tout honneur. Soirée programmée samedi dernier. Plus le week-end approchait,  plus Maki noyait mon portable de messages. Sa manière à lui de conjurer un sort qu’il devinait funeste pour son mec.
cache

C’est la première fois qu’un être humain – intime de surcroît – s’inquiète à ce point d'un danger par moi encouru. Et cette sollicitude me laisse perplexe. Enfant – à l’exception de ma grand-mère maternelle – le premier, le second et toutes les autres cercles de ma famille jouaient plutôt l’indifférence à mon égard. Personne ne se préoccupait des soucis obstruant les chemins que j’empruntais.
Par manque d’habitude, un tel regard prévenant sur ma personne m’agace tout d’abord. M’inquiète ensuite. Pour finir plein d’angoisses. Et il lui en a fallu, des tonnes d’explications – en long, large et travers – pour m’expliquer qu’il soulignait ainsi les liens ténus, aussi solides qu’un fil d’araignée, qui nous lient l’un à l’autre.
Finalement, cette soirée idiote a été reportée.
nuevo

vendredi 23 septembre 2011

10 - Vases communicants

mort
Moi je croyais que seuls les livres savaient faire coïncider ces deux évènements. La rencontre hautement improbable par excellence, je pensais ! Absolument impensable, même ! Qu'une vie s'éteigne, illico remplacée par une autre toute neuve.
Mes larmes amères transformées en chaudes larmes de joie. La petite Sahondra est née quelque part à Madagascar, exactement trois heures après l'exécution de Troy Davis quelque part en Géorgie. Le temps pour une âme, tu crois, de passer de Jackson à Mahajanga ?
naissance

jeudi 22 septembre 2011

18 – De Savannah à Jackson


td manif
Trouver les mots exacts. Convaincre les Hommes assassins de son innocence. Personne n'y est parvenu. Pas même moi, ici. Guitry prétendait que le silence qui suivait Mozart était du Mozart. Nul doute que le silence qui suit -- encore maintenant et pour longtemps encore -- ce matinal assassinat soit autre chose que celui de ses assassins, stupéfaits d'avoir commis ce dont il l'accusait à tort.
Troy Davis. Né un 09 octobre 1968. Décédé un 22 septembre 2011. Aucun autre mot possible pour exprimer l'horreur ressentie.
tdy
                    tda

















20 – De Savannah à Jackson


La honte qui peut se dire [ xiū chǐ ] en Chinois. Ailleurs, ça peut se dire :
בושה  Schande  shame  عار  부끄러움  vergüenza  ντροπή  malu skömm  vergogna ignominia  позор  ความอัปยศ  xấu hổ

mardi 20 septembre 2011

02 - Insomnies


32 - InsomniesPeu à peu une certaine fébrilité s'immisce en moi à la tombée de la nuit. Mon sommeil gagne une lutte dont je n'ai pas démérité. Assez vite – au bout de trois ou quatre heures – je reprends le dessus. Mes nuits sont un combat de titans stratèges, que j'affronte. Mon lit, leur champ de bataille.

Ces sommeils de courte durée me laisse hagard au sein de ces nuits désertiques, arides où j'erre, solitaire, parmi des dunes sablonneuses, sourd aux lointains échos de la bataille qui se livre, sans doute, là-bas. Soudain la journée écoulée – tel un séisme – me déséquilibre.
32 - Insomnies
Tandis que ma mémoire résiste, une vague géante obstrue l'horizon, qui rend l'espoir vain : le jaune éclatant du sable vire au gris désespérant. Les évènements de cette journée déferlent, se répandent, s'insinuent finement dans tous les plis de ma mémoire. Ou les plis de mes draps ? Car tout se mêle dans cette aurore incertaine où se dénoue un tragique destin, à n'en pas douter.


32 - Insomnies
Durant ces longues attentes de l'aube, la tranquille surface de mes souvenirs se ride. De lointains passés remontent qui cherchent fébrilement à la lumière du jour un sens. Telles ces bulles libérées de la vase, Farid est venu subrepticement troubler ma paisible mare. Son errance a duré si longtemps – 15 ans presque – que le courage m'a manqué, hier, de lui fermer mon cœur.

lundi 19 septembre 2011

01 - Boucher les trous


31 - Boucher les trousForçat du quotidien, oui. Très vite, pour me sauver la peau, tenter d'échapper à cette lourde porte reclaquée sur mon retour au bercail... Il a fallu trouver une échappatoire.
Farid est entré la première fois dans ma vie ce mois de mars 1994. Cette fois encore, à la faveur d'un parking glauque, un soir pluvieux...me reconstruire dans cet après-Che-Nen s'imposait. Tel un jeune capitaine romain en garnison sous les ordres de Ponce Pilate, il m'a planté son pieu dans le coeur. Et du haut de mes 33 ans, cet Arabe de 22 ans m'a permis de ressusciter.
Très vite, écartelé sur le lit de nos prouesses, seul mon plaisir semblait lui importer. Souvent au détriment du sien. Non sans une certaine réussite, il a bien fallu lui reconnaître ce talent-là... Entravé, les quatre articulations douloureusement ankylosées par mes tentatives de le désarçonner, mes suppliques gémissaient vainement.
31 - Boucher les trousFarid partait puis revenait le lendemain ! Enfin !
Il me comblait, me creusait, m'emplissait,  donc. Non sans une certaine réussite, il a bien fallu lui reconnaître ce talent-là... Il parvenait à m'envahir de telle sorte que le vide intérieur disparaissait enfin. De façon durable si je savais conserver l'espoir de nous revoir.
Farid rentrait et repartait le lendemain ! Enfin !

dimanche 18 septembre 2011

Premiers pas

Ma première sur Blogger... En pleine migration justement ! Mon blog d'origine : http://guy-zulma.kazeo.com/ . Venir ici parce que je ne voudrais pas que tout mon travail disparaisse du fait d'une mauvaise manip'. Et puis il y a plusieurs fonctions intéressantes sur Blogger que je ne retrouve pas sur Kazeo. Enfin, j'ai plusieurs amis sur Blogger et je trouve que c'est une façon de se rapprocher d'eux que de venir m'y poser un peu...

samedi 17 septembre 2011

07 - liǎng kǒu zi ( 两口子 )




Je voudrais trouver un lieu sûr qui nous abriterait, nous protègerait, nous ressourcerait, moi et lui. Devenir enfin une entité reconnaissable. Mari et femme, couple,
[ liǎng kǒu zi ] en Chinois.
 

samedi 10 septembre 2011

17 – Chimères (partie 5/5) Shinjuku ni-chōme, Tokyo – Japan


18 – Chimères (partie 5/5) Shinjuku ni-chōme, Tokyo – JapanYukio m'avait expliqué : descendre à Shinjuku sanchōme. Marcher quelques minutes sur Nakadai Dōri. Il faut absolument que tu manges au Cocoro Café ! Je devais me débrouiller seul, sans Yukio trop occupé pour me chaperonner.
18 – Chimères (partie 5/5) Shinjuku ni-chōme, Tokyo – JapanMais Tokyo n'est pas en soi une destination. Seulement en rêve. Se noyer dans la foule trop dense, composée exclusivement d'anonymes qui le resteront quoiqu'il arrive. Yukio, seul ami japonais nommé. Ma clef pour ce pays inaccessible.

18 – Chimères (partie 5/5) Shinjuku ni-chōme, Tokyo – JapanEnsemble, plonger dans des onsen ( 温泉 ). Se gaver des lumières de la pieuvre tokyoïte. Se griser de lenteur dans le shinkansen. Mais j'aurais beau le fantasmer, ce pays sublime, chaque vue me renvoie l'horreur du 11 mars.
Somme toute, tous ces lieux rêvés, fantasmés, imaginés comme autant de destinations... Je sais maintenant pourquoi je n'ai jamais voyagé. Castro Street vidée. Ipanema violente. Hilton Beach touristique... Chaque regard me ramène à un monde incohérent. Peut-être est-ce cela le sens que je trouve dans ce drapeau qui m'obsède : un univers  tout blanc. Que les Hommes ont taché de leur sang.
18 – Chimères (partie 5/5) Shinjuku ni-chōme, Tokyo – Japan

16 - Chimères (partie 4/5) Hilton Beach, Tel Aviv - Israël


18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - Israël
Tal Abīb est avant tout une sonorité. Un mot murmuré à mon oreille par un Arabe. Un inconnu. Un rendez-vous chuchoté en toute hâte dans une salle presque vide du Musée d'Art Islamique de Jérusalem, sur HaPalmach. L'homme, la trentaine virile, me décocha un sourire barré de son majeur droit : chut !
18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - IsraëlDescendu au Hilton de Tel-Aviv, sa plage s'est immédiatement imposée comme une évidence.







Aussi18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - Israël évident que de visiter ce musée L.A. Mayer en pleine ville sainte ! Comment ne pas adhérer à cet endroit ? Dans un pays où tout peut basculer d'un instant à l'autre, où des murs s'érigent bêtement pour séparer les Hommes, la plage Hilton est forcément the place to be ! Là se retrouvent Israéliens, Arabes, Musulmans, Juifs, Chrétiens. Où se mêlent le Rien, le Tout, le Peu, le Trop.
18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - Israël
Mourad, l'arabe du musée me lance : « Mais attends ! La semaine prochaine, c'est la Gay Pride à Tal Abīb ! Tu n'as encore rien vu ! » J'y resterai une semaine de plus, donc. Pour la fête. Pour le mélange. Pour la paix. Pour Mourad aussi, bien-sûr. 
18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - Israël
18 – Chimères (partie 4/5) Hilton beach, Tel-Aviv - Israël

vendredi 9 septembre 2011

15 - Chimères (partie 3/5) Ipanema playa, Rio de Janeiro - Brazil


18 – Chimères (partie 3/5) Ipanema playa, Rio de Janeiro - Brazil Felipe sort de Rocinha à pied sous 30°. Il m'a donné rendez-vous au poste 8 d'Ipanema. « C'est mieux qu'à Copacabana », m'a-t-il assuré. Je pense que c'est surtout moins loin pour lui. Torse nu, les tétons, plats et arrondis, suivent le mouvement musculeux de sa poitrine. Sous ses jeans, ses fesses rebondies moulent sa démarche de Carioca. Devant, sa braguette interroge des regards affamés. Ses pieds fins, nus, osseux presque, semblent parfaitement adaptés à cette allure sans soucis et pourtant si lourde d'un passé misérable.

18 – Chimères (partie 3/5) Ipanema playa, Rio de Janeiro - Brazil Quelques étendards m'indiquent la bonne direction. Ma démarche, lourde et pesante, m'oblige à plus d'attention où mes pieds me portent. Une fatigue qui me rappelle la nuit dernière au concert des Stones. C'est là que j'ai rencontré Felipe. Un million sur cette plage...au moins ça, si ce n'est plus ! Et il a fallu que nos seuls regards s'accrochent l'un l'autre ! La nuit a été démente ! Des torrents humains se sont déversés sur l'Avenida Atlântica ! Une marée humaine jusqu'à Leme !
18 – Chimères (partie 3/5) Ipanema playa, Rio de Janeiro - Brazil
Aujourd'hui, les embruns grisaillent l'atmosphère qui reste, néanmoins, résolument légère. Dans quelques jours, ce sera le carnaval et rien – légère brume ou lourde fatigue – rien ne m'en détournera : j'ai parcouru la moitié de la planète pour ça ! En attendant, j'inviterai Felipe au fond de mes draps blancs. Et nous déjeunerons sur la terrasse de cet appartement que j'ai loué Av. Epitácio Pessoa.
18 – Chimères (partie 3/5) Ipanema playa, Rio de Janeiro - Brazil
Ipanema est un éden pour moi. Un paradis dans une ville cosmopolite. Un oasis au centre d'un quotidien studieux. Les sourires des hommes. Leurs maillots de bain jaspés. Et ce bariolage ethnique, âme profonde de cette fantasmagorie qu'est mon Brésil.

jeudi 8 septembre 2011

14 - Chimères (partie 2/5) Castro Street, San Francisco - Californie


18 – Chimères  (partie 2/5) Castro Street, San Francisco - Californie
Pas de monographies touristiques, justes, vraies, de ces lieux. La topographie doit être réinventée. Forcément fantasmée. Seule façon de rendre une réalité acceptable.
Une Mustang verte qui rebondit dans les rues pentues à toute blinde. Au volant, Franck. La scène18 – Chimères  (partie 2/5) Castro Street, San Francisco - Californie est culte. Autre chose ?
Oui, bien plus tard, des couples étranges qui se tiennent la main en déambulant sous un soleil écrasant. Ils sourient, extravagants. Certains me paraissent improbables, du haut de mes 17 ans. Irréels presque. Quoi ? Il existe sur cette Terre, un lieu où l'on peut ouvertement se montrer dans la rue sans être stigmatiser ? Mais c'est là que je veux vivre : au soleil. Parmi tous ces hommes. Se promener au bras de mon ami, un jeune garçon aux yeux sombres qui, comme moi, aurait fui son cercle familial trop rigide.
18 – Chimères  (partie 2/5) Castro Street, San Francisco - CalifornieDans les années 80, Castro Street se vide. Les hommes se fauchent comme des blés trop mûrs. San Francisco sera dernière à rester debout. Forcément. Mais je sais qu'au bras de mon amant -- ou de son fantôme -- nous continuerons à hanter ces trottoirs cultes de la culture gay. Nous nous retournerons ensemble sur une Ford verte aux pneus crissants sur le bitune gris et sale. Un sourire entendu se dessinera sur nos bouches crispées en apercevant le chauffeur...qui nous rappellera peut-être Steve McQueen dans Bullitt.
Et peu importe la date, n'est-ce pas ? 1968 ou 1987, 1995 ou de nos jours. Castro street est forcément un lieu d'éternité.

mercredi 7 septembre 2011

13 - Chimères (partie 1/5)


18 - Chimères (partie 1/5)"Chimère : Projet séduisant, mais irréalisable ; idée vaine qui n'est que le produit de l'imagination ; illusion." Définition du dictionnaire.



18 - Chimères (partie 1/5)Arpenter cette Terre aurait été un idéal. Des illusions perdues.
Enfant fragile, mes horizons se limitaient aux rues qu'il me fallait parcourir pour rejoindre l'école qui m'éduquait ou la maison de ma grand-mère maternelle qui m'élevait. L'adolescence a bouleversé tout cela : l'étau familial, peu à peu desserré, m'a permis une totale liberté dès le seizième anniversaire.
Pour autant, mes problèmes identitaires m'ont plombé les semelles. Les rues de l'enfance se sont péniblement élargies à des trajectoires avérées toujours identiques : du Nord à la Bretagne, de la Bretagne au Nord...
Ceci dit, au détour de cette cinquantaine, des destinations lointaines me feraient rêver, fantasmer, extravaguer presque : San Francisco, Rio de Janeiro, Tel Aviv, Tokyo... Eternels projets séduisants mais irréalisables. Des voyages, purs produits de mon imagination. Des chimères, quoi !
18 - Chimères (partie 1/5)

mardi 6 septembre 2011

06 - yǎn mèi ( 魇寐 )

Cauchemar horrible, [yǎn mèi] en Chinois.

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lundi 5 septembre 2011

05 - xiào shēng (啸声)


Mon mec me manque. Les bruits m'encerclent, m'assaillent, m'assiègent. Seul au milieu de tous, ma tour ne cède pas à ces coups lourds et sourds. Au milieu d'eux tous, je me sens isolé. Ça rit mais je ne vois que des bouches tordues. On me parle mais je ne saisis aucun sens. Quotidien absurde.
Dans le grand silence, du tréfonds de mon âme, un long cri hurleur se fraie un chemin, remonte lentement, s'amplifie puis explose dans ma tête en cascades assourdissantes. Mon mec me manque. Pas grave ? Si. Très grave. Périlleux. Angoissant.

 

Ils sont tous là, autour de la table, devant leur café, m'entourent. J'ai peur d'éclater en sanglots. Mon mec me manque.

Hurlement se dit [xiao sheng] en chinois.