dimanche 29 janvier 2012

15 – Tentations

Dans le noir de la nuit défilent des ombres alléchantes, prometteuses, enviées. Une portière claque, un corps frais – appesanti sur le siège-passager – tend de belles promesses. Du moins mon imagination se les dessine telles.
clops

Souvent, enfant, des hommes ainsi s'envisageaient comme autant de promesses espérées. Jamais réalisées mais toujours rêvées. Le son grave de leurs voix. Leurs doigts bleutés par la fumée de leurs cigarettes. Plus tard, oui, je fumerai. Plus tard, certainement, ma voix sera grave. Et moi aussi, plus tard, je m'étalerai sur la banquette-arrière de leurs voitures. Frais du dehors. Appesanti de mes muscles. Plein de belles promesses.
Je les imagine. Ne les rêve plus. Ne les approche plus. Sensations devenues tentations.
banquette

vendredi 27 janvier 2012

02 – Lumineuse comm'

chinois
Hasard du surf sur la toile : une nouvelle détresse s'associe à la mienne. Des mots, vite sincères. Des aveux, lentement chuchotés. Il semble si seul sur cette île ! A des heures indues, quelques mots libèrent les esprits, abolissent les barrières.
 
mer

De l'autre bout du monde, un pont se jette qui tente de joindre deux hommes. Une liaison video se propose. Vite acceptée. Et les deux âmes se lient d'amitié par le regard. Sept heures de décalage. Le même âge. Deux cultures s’entremêlent, n'en font qu'une le temps d'une session puis s'éloignent.
 
soleil
Séparés ? Oui, toujours. Mais un sentiment, enfant naturel de cette rencontre, gambade quelque part d'un continent à l'autre. Ça circonvolutionne sur une ellipse inconnue, cosmopolite. Nul doute qu'un jour, cet enfant multicolore témoignera de notre réalité : ils habitaient – l'un à Taïwan, l'autre en France – et ils ont su bâtir une communauté intelligente. Temporaire mais si lumineuse !

jeudi 26 janvier 2012

14 – Τάνταλος

ficele


Chaque instant, chaque moment. Tous les jours comme toutes les nuits. Le regarder, l'observer, le scruter, le disséquer des yeux. Mais rien. Pas le moindre signe. Maki reste de glace sous mes regards, de marbre sous mes envies. Il est envoyé des Dieux ? Maki, mon tentateur ? Il est ma soif. Il est ma faim. Il devient vite mon angoisse.  Les trois supplices infligés à Tantale (Τάνταλος en Grec).





Plus tard, il me dira. Que son dos le pétrifie. Que ses douleurs le paralysent et le corps et l'esprit. Que les envies disparaissent avec le mal.

in a tree




Tordu de désirs face à ces tentations. Noué d'envies trop longtemps retenues, je m'enferme dans une invisible prison. Pourtant bien réelle à mes yeux.

samedi 14 janvier 2012

28 - Espoirs d'enfant

children smile1

Enfant, submergé par le Réel, je fuis. Dans des rêves, l'élégante amie sera la plus fidèle des compagnes lorsque nous serons plus grands.

children smile

Un peu plus tard, un regard me clouera sur place. S'envoleront alors tous ces rêves. Cette dureté me convient. Enfin rassuré, l'espoir s'installe durablement.
L'enfance meurt enfin. Les espoirs nés de là se métamorphosent peu à peu en chimères. L'Autre passe mais ne fait que passer. C'est seul que s'ensevelit mon adolescence.

loogie mentawai de siberut

vendredi 13 janvier 2012

13 - Gamme harmonique

gamme harmonique 1








Jouer des accords parfaits sur la gamme étendue de nos envies. Engrener les arpèges d'une harmonique ancestrale. Extirper de nos doigts agiles les mélodies des sens.
 












gamme harmonique 2





Mon mec se pointe dans deux jours avec le piano de nos passions. Inlassables accordeurs de notre passion réciproque, dix jours annoncés tel un prélude d'amoureux.








gamme harmonique 3




Sur la gamme étendue de nos envies contraires, en mélomane averti, orchestrer nos partitions et ne faire qu'Un.


gamme harmonique 4

jeudi 12 janvier 2012

51 – Errances douloureuses








Rien ne faisait obstacle. Ni le vent. Ni la pluie. Ni la boue. En cette rentrée de septembre 91, je laboure du regard le moindre recoin de ces remparts, à la recherche de Che-Nen. Ne l'y vois pas.

Aucun regard ne fera obstacle. Ni celui, moqueur, des autres rôdeurs. Ni celui, désapprobateur, des passants. Je le retrouverai ! Lui déclarerait mon amour incommensurable. Lui en expliquerait l'au-delà de la limite.
Des après-midis entiers, gardien vigilant de cet Amour, je scrute les horizons. Parfois de bon matin, j'écume son quartier. En vain chaque fois. Et chaque fois semblait une éternité. Etiolé sur place, peu à peu. Sans espoir de le revoir.






lundi 9 janvier 2012

16 – Snapshot injuries

photoC'était quoi son but ? Détruire mes défenses ? S'insinuer au plus profond de mes cellules ? Phagocyter ? Ainsi rongé de l'intérieur, mon corps devint d'un verre délicat. Fragile. Léger. Aérien presque.

photo1




Une fois le corps conquis, le mogwaï te mange ton image. Et ta transparence te trahit. Le regard de l'Autre te transperce, te juge, t'humilie. Et tu supplies l'instant de te retrouver seul d'arriver au plus vite. Et une fois face à ton propre miroir, tu te brises en mille larmes. Et tu n'oses bouger, de peur de marcher sur ces morceaux coupants.
En abattant mes défenses, le mogwaï a tué mon image. Et en tuant mon image, mon reflet. 
photographe

dimanche 8 janvier 2012

50 – Distances


 
Kaléidoscopique, certes. Ce qui n'a pas empêché ce second cataclysme de mai 91. Che-Nen introduit dans sa maison, elle n'a fait qu'une bouchée de ce frêle ennemi. Sans trop de difficultés a-t-elle distillé de l'ineptie dans notre relation ? Si quatorze années nous séparaient, jamais Che-Nen n'a soudain paru aussi lointain. Plaçait-il trop d'espoirs en moi ? Sans doute me percevait-il très proche et trop distant à la fois.

Sur la banquette arrière de la voiture, une nuit, nus. Sortis épuisés du Rocambole, pleins de musiques syncopées, nos corps épuisés, un chemin de pâture où reprendre des forces avant d'affronter la réalité. Sa tête, soulevée par ma respiration, repose à nouveau sur ma poitrine. Un sourire lui éclaire le regard : il entend mon cœur battre le tempo de notre amour. Mon sourire se fige en un rictus : aimer sans retour serait-il possible ? Son silence n'en est-il pas la preuve flagrante ?
De cette nuit, Che-Nen s'est distancié. Longtemps la faute lui incombait, à elle. Encore aujourd'hui, le regret amer de n'avoir pas su arrimer cet Amour. Dès lors, le quotidien est devenu un exercice périlleux.


jeudi 5 janvier 2012

49 – Visages kaléidoscopiques



Un seul visage pour Che-Nen ? Des sourcils épais et noirs tentaient vainement d'empêcher son regard de déborder. Subtil mélange des souffrances de l'enfance et des espoirs à-venir de l'adulte, sa frimousse renouvelait constamment les reflets du monde.
Jamais je n'ai eu l'occasion d'observer d'aussi près, aussi longuement – des après-midis entiers parfois – pareil kaléidoscope. Oui, ses yeux – tamis ténus – filtraient son âme de la réalité. Et les frêles ailes frémissantes de son nez respiraient des rêves improbables.
Et les rives de ses lèvres se rapprochaient de temps à autre à la naissance d'une idée devenue son.

Chaque instant peignait un paysage nouveau, un aspect différent, toujours beau. Καλός en Grec, beau. Eidos, l'image, l'aspect.

dimanche 1 janvier 2012

23 - Another world !


25 - Another world... 
 « Je rêvais d'un autre monde
    Où la Terre serait ronde
    Où la lune serait blonde
    Et la vie serait féconde

    Je dormais à poings fermés
    Je ne voyais plus en pieds
    Je rêvais réalité
    Ma réalité »
              (Extrait de Un autre monde de Téléphone, 1984)

 

25 - Another world...



Mes meilleurs vœux pour 2012.