mercredi 28 novembre 2012

33 - 110


embrasser


      Si vous lui dites,
      Il vous en sera reconnaissant.
      Donc il fera de même
      Avec son prochain partenaire.







preservatif



Protégez ! Vous. Lui. Elle. Eux. Protégez-vous ! Protégez-le ! Protégez-la ! Protégez-les !











argent





Donnez ! A vous. A lui. A elle. A eux. Faites-lui un don ! Faites-leur un don !







     

          Prévenez ! Lui. Elle. Eux. Prévenez-le ! Prévenez-la ! Prévenez-les !


journee sida


Appelez le 110
 

dimanche 25 novembre 2012

39 – 褌 (partie 1)

p293
Un linge de coton blanc. Sauvage, bestial. Enfant, un simple jeu. Le drapé sculptait le corps fragile, le transformait en César Impérial. Plus tard, le jeu se modifie en défis. Adolescent, dans ce même linge, le corps transformé enveloppe ses lourds attributs.


mowgly3
Une peau halée, des cuisses dénudées. L'érotisation de ce bout de tissu remonte trop loin dans ma mémoire pour en connaître l'exacte origine. Les écrans de ma jeunesse me renvoient ces fortes émotions : Jason Scott Lee, lové sur une branche répondra à Mowgly, en pagne rouge. Christopher Atkins dans Le Lagon Bleu me détournera de la pourtant belle Brooke Shields.


livre-de-la-jungle-1994-02-g
christopher Atkins

vendredi 23 novembre 2012

60 - Long way home






Sur l'écran plat du salon, en 2012, défile un concert de 1979. Remparts de Maubeuge, janvier 91, transi par le froid et l'attente de Che-Nen. Ce groupe nous cimente. Le stade de Lorient où le groupe se fait un peu attendre, écrasé sous la chaleur de cet été 82.











Impressionnant. Ma mémoire éclate en mille morceaux. Les mots – tel un galet habillement jeté – ricoche dans ma mémoire. L'écran se brouille. Les tympans, aux aguets. Les narines brûlées par l'air trop frais. Les pieds dans la neige. Espérer Che-Nen, une perpétuelle torture.










Le piano de Take a long way home. Che-Nen vient de repartir chez lui. Dans la neige – seules certitudes de sa présence ? – la trace de ses semelles. Un vide cruel me gagne peu à peu, qui chasse les images. Les mêmes larmes qu'aujourd'hui. Le ricochet de cette chanson trace un étrange trajet. Pas les images ! Les sensations refont surface, absurde mélange amer.





Supertramp vient de sortir un dvd de ses concerts parisiens de décembre 79.


samedi 17 novembre 2012

11 - bǎi wú liáo lài (百无聊赖)





Un glas, au loin. Le brouillard colore un peu mon âme, qui plombe lentement cette fin d'après-midi. Le train quitte la gare de Maubeuge, Maki dedans. Maudits horaires respectés, empêché de le retenir, de le serrer une dernière fois sur mon cœur. Nos lèvres trop tôt désunies, encore engourdies de notre passion.


















Semaine après semaine, le temps – d'une lenteur exaspérante – nous écartèlera encore et encore et encore, ignoble torture d'un autre âge. Revenir dans l'appartement, au chaud, mais à quoi bon ? Toutes les pièces y sont vides. Comme moi. Vestibule, cuisine, salle-à-manger, salle de bain – vides. Et tout à l'heure, le lit !











Semaine après semaine, il faudra bien ré-apprendre à placer un pied devant l'autre, un mot après l'autre, une idée entrainant une autre... Combler le vide béant que nos regards laisseront dangereusement entrevoir de nous.





Se sentir vide peut se dire [ bǎi wú liáo lài  ] en Chinois :



44 - Vous, Lui et moi

douche3






Notre amour brouille nos regards. Mes 52 ans n'en peuvent mais. Ma volonté sombre dans ses 48 ans. Nous sommes là (52+48= 100, n'est-ce pas?) en sang à s'attacher le cœur. Une torture qu'aucune de vos eaux ne lavera. Maki vient de repartir.


baignade









Alors on se rattache. A ce qui passe – à Vous, par exemple. Familiales, sociales ou amicales, mes obligations, toutes trop fades désormais, lassent. Chaque fois, ré-apprendre vos lois, une à une. Partager de nouveau mon parcours avec vous. Quand bien même vous exigez chaque fois que j'en écarte le chagrin. Maki vient de repartir.



aigle

Il avance comme il peut, notre Amour. D'un pas un peu patin, hésitant, flageolant parfois. Il brave vos éléments déchaînés. Dans votre tempête, il se forge un destin. Lui et moi. Lui avec moi. Ensemble nous goûtons la même eau. La nôtre, entendez-vous ? La nôtre ! Maki vient de repartir.

Malgré vos règles. Malgré nos entorses. Malgré les cons, les continents, les contingences. Malgré tout. Ce vieillard de 100 ans y résistera néanmoins. Même si Maki vient de repartir.
old man nagasaki

jeudi 15 novembre 2012

03 - jiǔ bié ( 久别 )

p286
A peine sorti de l'avion, Farid atterrit dans mon lit. Six longs mois d'une séparation marocaine dans sa famille lui ont bruni la peau. Chaude, elle contraste avec le blanc du givre du dehors, des draps de dedans. De ma peau aussi. Farid évite mes lèvres alors ses joues effleurent les miennes, son front se coule dans mon cou. Ses mains habillent mon corps. Bientôt il mordillera la peau de mes omoplates, son sexe au travail en moi. 












p285Après un premier assaut victorieux, un répit réparateur d'une demi-heure. Nous discutons enfin. Il me raconte ces six mois de chasteté, privé de tout, aux fantasmes cruels. Lui ai-je manqué ? M'aime-t-il ? Farid évite aussi les réponses. Alors j'ose : à moi – oui – il m'a manqué ! Moi, je l'aime ! Et lentement, nos corps s'affrontent de nouveau. Sa réponse à lui : son silencieux sourire blanc dans la pénombre muette de la chambre. Une seconde et dernière bataille que je lui laisse gagner avec plaisir. Puis la douche. Puis se rhabiller, le reconduire hélas.


Ma main s'égare sur son genou au retour. Nul ne se parle sur ce trajet mortifère, anéantis par trois heures de joutes amoureuses. Le paysage, désolé, blanchit. La poignée de mains – brève, ferme, mâle – confirme l'étrange pressentiment. L'au revoir a laissé place au total silence. Farid ne répond plus.





久别  jiǔ bié longue séparation


Une longue séparation se dit [ jiǔ bié ] en Chinois :

samedi 10 novembre 2012

38 - Départs

p282Les rideaux frissonnent. De nouveau, la maison se vide, froide, lente. Les marbres du sol zèbrent la mélancolie. Du fond de sa cuisine, une femme appelle pour me distraire de la peur irrépressible. Où est-il allé ? Où est-il allé ? Où est-il allé ? Où est-il allé ? Où est-il allé ? A mes questions serinées, un soupir répond. Ce léger temps d'hésitation dans sa réponse me la tatoue comme un mensonge. Les questions sans réponses donc pour l'enfant qui ne peut rien si ce n'est sauté au cou du père enfin revenu ! Les choses s'assombrissent. Rien n'est plus drôle. Les copains se lasseront de cette quotidienne langueur. Ils seront nombreux ces automnes au cœur de l'été.

p283L'adolescent tentera une réponse. En cachette, le suivre. Une rue, deux rues. Un café, des bières, des rires avec d'autres hommes, un billard et beaucoup de cigarettes. Contraste familial. Les hommes seuls s'aiment. Est-ce la raison de mon isolement en internat ? M'éviter les éclaboussures de l'infernal familial ? Préserver cette immaculée enfance pourtant déjà salie de mensonges, de silences ? Adulte, les cafés bruyants m'angoissent. Mais aussi les fêtes foraines, les défilés colorés, les foules hurlantes, les tables dominicales.



Sur son dernier lit, lié aux machines, il ne peut plus quitter la maison bientôt vide. Alors elle vient savourer sa victoire enfin, déjà crêpée de noir, veuve de pacotille. Lui échapper une dernière fois. Sortir du monde comme échapper à sa famille. Mon papa se meurt.
p284

vendredi 9 novembre 2012

06 – Origines (1)

mangabey enfumé ou sooty mang.La rumeur populaire en riait jaune depuis le début de la pandémie : en 1985, des chercheurs découvrent des similitudes entre le SIV (pour Virus d'Immunodéficience Simienne) du mangabey enfumé et le VIH-2. Ce SIVsmm (2) se répand sur les mêmes territoires africains que le VIH-2.
En 1989, l'IRD (3) trouve, chez un chimpanzé, au Gabon, la preuve d'une similitude entre un SIV et le VIH-1. C'est la première. La seconde arrive en 2006 où des traces de virus sont repérées chez d'autres chimpanzés porteurs du SIVcpz (proche Chimpanzedes VIH-1N et VIH-1M) et chez certains gorilles, eux porteurs du SIVgor (similaires au VIH-1O et VIH-1P). Certains raisonnements sont encore débattus entre les chercheurs quant aux caractères similaires des SIVgor et des VIH-1.

Suite à des études sur ces SIV (40 lignées différentes chez 45 espèces de singes africains ont été comptabilisées à ce jour), on estime ce virus simiesque vieux de 600 ans pour le chimpanzé et d'au moins 32000 ans chez d'autres petits singes. Une très longue cohabitation entre deux espèces vivantes. Une très longue évolution aussi qui a sans doute favorisé les recombinaisons.
La grande différence entre les SIV et le VIH est que les singes sont « porteurs sains » de leur SIV. La recherche des causes ne fait que débuter mais on possède déjà certains indices : des protéines spécifiques (la téthérine) empêcheraient la multiplication du virus. Bien-sûr, le virus a développé des protéines (NEF et VPU)(4) capables de contourner voire d'annihiler l'action de cette téthérine. Le groupe VIH-1M est le seul à posséder cette VPU ce qui expliquerait pourquoi il s'est répandu plus aisément que les autres VIH.
carte origines vih1
Ce document est reproduit sans autorisation spécifique. Extrait su site JLE  



(1) Les notions exposées dans cet article sont issus de divers articles parus dans Transversal n°60 de septembre-octobre 2011. Ici repris grâce à l'aimable autorisation de Neijma Lechevallier, rédactrice en chef.
(2) SIVsmm = Sooty Mangabey's SIV (SIVcpz = Chimpanzee's SIV)
(3) IRD = Institut de Recherche et du Développement. Ici celui de Montpellier où travaillaient comme chercheurs Martine Peeters et Eric Delaporte.
(4) NEF = NEgative regulatory Factor et VPU = Viral Protein U (ces notions sont tirées du site Cours d'immunologie PCEM2 de Anne Decoster et Jean-Claude Lemahieu

Comment passer de l'Animal à l'Homme ? Ce sera l'objet de l'article suivant : « 07 - Passages ».

jeudi 8 novembre 2012

05 – Multitudes

Le virus se réplique pour survivre. Or, la rétrotranscriptase du VIH (le processus de copie de son génome) ne « vérifie » pas ses copies et les erreurs de réplication sont nombreuses. Tous ces virus mal répliqués sont autant de variations possibles de leur espèce. Tous ne survivront pas : les moins aptes s'éliminent par leur incapacité à se reproduire. Les autres variants survivent, reproduisent leurs variations qui engendreront à leur tour des erreurs et des conformes variés...etc... etc...
Donc impossible de ne voir qu'un seul virus. A force de se multiplier – chez l'Animal d'abord puis chez l'Homme – le VIH est devenu multiforme. Actuellement, on distingue deux groupes de VIH sur la planète : le VIH-1 et le VIH-2.
Chacun se divise en sous-groupes. 4 pour le VIH-1 : les M-O-N et P et 8 pour le VIH-2 (de A à H).
Le VIH-1 M est tenu pour responsable de la pandémie (Major group). Il se diversifie en 9 sous-types (de A à K) et est capable de se développer sous 49 formes recombinantes (désignées CRF01-CRF49). Les virus du VIH se répandent en zones géographiques, selon les facteurs de transmissions locaux. D'où l'absolue nécessité pour un séropositif traité de ne pas rencontrer un autre virus du VIH, sous peine d'une possible recombinaison et donc d'une inefficacité du traitement.


GROUPE M
groupe O

A
B
C
D
E
F
G
H

Europe occidentale

+






France +
Russie






+


Roumanie





+



Afrique
+
+
+
+
+
+
+
+
+
États-Unis

+







Amérique du Sud

+
+






Asie : 
 Chine
Inde
Thaïlande
Taiwan





+

+
+
+




+





Le pr Luc Montagnier et sa collegue Françoise Barre-Sinoussi dans leur laboratoire de l'institut Pa
Comprendre que cet organisme vivant possède des formes variées (et variables, hélas), c'est admettre qu'il n'est pas nouveau. Identifié en 1983 comme tel, le VIH est un vieux briscard qui bataille depuis au moins de 32 000 ans pour sa survie !









                                                                                                                           Luc Montagnier et Françoise Barré-Sinoussi à l'institut Pasteur dans les années 80                                                                   
[à suivre, un billet sur les origines du virus]

mercredi 7 novembre 2012

04 – Evolutions

La contamination se fait exclusivement par le sang et le sperme. Le principal véhicule du virus est le lymphocyte T4 (avec protéine CD4) puisque ce dernier est le seul à reconnaître le virus (cf. 03). Ces T4 sont partout en immenses quantités dans le sang et le sperme.
Les lymphocytes T8 (avec protéine CD8) cytotoxiques sont des lymphocytes qui sont chargés de détruire toute cellule contaminée par un virus avant que celui-ci n'ait pu l'utiliser pour se répliquer.
Lors de la période de la primo-infection, les T4 reçoivent une information qui leur dit : « attention danger ». Ils mettent en marche les T8 qui viennent détruire les cellules infectées. Du coup, le taux de virus baisse.
Mais le VIH est un vieux malin : il a appris à s'adapter. Et il sait faire ça très vite : si lundi il est seul, mardi, il s'est copié 10.000 fois. Mercredi, ils seront 100.000.000 (soit 10.000*10.000)... etc..etc... Il va donc multiplier ET modifier ses copies. Cela lui permet de submerger les T4 et de les tromper. Les T4 vont donc diminuer lentement (car le VIH finit par tuer les cellules dont il s'est servi pour se reproduire). Du coup, les T8 perdent de leur efficacité en ayant moins de T4 pour les informer d'un danger.
En plus d'être des retrovirus, les VIH, sont aussi des lentivirus : ils déclenchent des maladies à évolution lente (et non pas foudroyante). Selon les personnes, l'infection est plus ou moins rapide. Les trois phases habituellement décrites sont des indications.
courbe_3

03 – Entrées

vih1Le virus VIH est composé de deux brins d'ARN. Se reproduire exige de l'ADN ? Le VIH doit donc absolument trouver une cellule-hôte. Encore doit-il être admis à rentrer dedans ! Pour cela, il doit trouver une clé.
Son sésame : la protéine GP120. Seule la protéine cd4 des phagocytes et lymphocytes T4 la reconnait. Le virus parvient donc, « grâce à » cette combinaison, à se fixer à la membrane de la cellule. A l'ouvrir, en quelque sorte.



hiv1 


Une fois entré, le virus va libérer dans la cellule son ARN et une enzyme : la transcriptase. Il doit encore entrer dans le noyau : cette enzyme transcriptase inverse va transformer l'ARN du virus en « faux ADN ». Cet ADN proviral va pouvoir entrer dans le noyau de la cellule et se combiner à l'ADN de la cellule : c'est l'intégrase.

arv2

mardi 6 novembre 2012

02 - Définitions

def

Virus, -i : mot latin signifiant suc, humeur mais aussi poison, venin.

Cellula, -ae : mot latin signifiant petite chambre de moine. La cellule est considérée comme unité fonctionnelle et reproductrice d'une partie (ou d'une totalité) d'organisme vivant.

ADN et ARN sont des molécules dont se servent les cellules pour se reproduire à l'identique.

Phagocytes et lymphocytes T4 : cellules du système immunitaire. Les unes détruisent les éléments étrangers, les autres régulent les réponses immunitaires.

Protéines : chaînes d'acides aminés qui permettent aux fonctions cellulaires d'être assurées.
cellule-virus-vih

lundi 5 novembre 2012

01 - Relais

relais2
Servir, certes. Une cause, une idée. Par les mots. Permettre aux notions de parer les émotions. Comprendre les choses éviterait l'absurde ? Parions-le !
lire
Ici, chasser les zones d'ombre. L'espoir que la connaissance soit un bon remède contre les idioties ? Oui mais aussi tenter d'éloigner les angoisses. Les miennes et celles de certains autres.
Ni auteur, ni découvreur, ni penseur de quoi que ce soit. Juste lecteur. Modeste vulgarisateur. Ne rien imaginer. Juste relayer.
relais3

jeudi 1 novembre 2012

07 – Bus Stop

tokyo busNantes bruyante. Lors de nos promenades, sa menotte crispée bleuissait souvent mon index. Parfois même, elle s'agrippait à mon mollet. Craintive, apeurée, la ville la dévorait. Lui montrer combien, même effrayant, le monde pouvait se plier à soi. Une haleine blanche saccadée s'exhale de ses lèvres. A 3 ans et demi, enjamber seule le gouffre qui sépare le trottoir du marche-pied de l'autobus tient de l'exploit. Elle l'a fait. Toute victorieuse, elle s'est assise côté fenêtre pour dévorer – à son tour – la ville du regard.

glanceAutour d'elle, une meute de chacals enragés hurlent à la mort. Elle choisira le pire d'entre ces collégiens. Mais ange charmant, il saura la protéger. Ses origines étrangères le recouvrent d'une peau mate, bronzée, élégante comme ses longs cils noirs, gardiens d'un regard redoutable mais divin. Elle sait que cette divinité la préservera.

Vingt-trois ans nous séparent de Nantes, désormais. Sait-elle, aujourd'hui adulte, combien ces hommes – lui et moi – l'ont aimée ? Pourtant, un bus passe, mon cœur encore s'affole. Pétri des mêmes regrets à la croisée d'un regard redoutable.
child feet