Les
ciels opaques de septembre moutonnent l'horizon. Ça et là, des puits de
lumière trouent les nuages. De la route, à travers le pare-brise, ces
piliers jaunis semblent soutenir ces balles de coton sale mais lui
rendent un certain espoir. De même, ma mémoire s'obscurcit en cette fin
d'après-midi, ouverte ça et là de vagues souvenirs.
Attendre.
Ne plus pleurer. Me calmer. Jouer. Patienter en jouant. Comment tromper
la langueur de cette attente ? Les adultes mentent seulement si
l'enfant s'en aperçoit. Sans cet instant vigilant, le monde aurait dû
rester enfantin, pur, parfait, idéal.
Quand
reviendront-ils ? Bientôt, affirme-t-elle. Ne pleure plus. Calme-toi.
Ma grand-mère sait que le mensonge sera vain. Alors elle me prend dans
ses maigres bras, me porte, me berce avec d'autres mots. Ma lourde tête
caresse son épaule. La pièce principale de la maison glisse dans une
lente rapidité du clair à une obscure nuit d'angoisses.