jeudi 30 mai 2013

37 - Ennui

au bainLes mots, lourds. Les idées, usantes. Le quotidien, un désert. Rien ne me distrait. Seul désormais, je sombre. A quoi bon lutter ? Rester là. A chaque instant au même endroit. S’allonger – les yeux clos au monde. Et pas même entendre – ni écouter d’ailleurs – le brouhaha de l’eau.

fenetre

Des hommes passent, inconnus, tapageurs. Peu m’importe. Indifférent, les laisser aller. Lassé de tous les bruits des Hommes. Dans la pièce, seul, recroquevillé désormais, les moments s’écoulent et me peinent. Les gens, le temps aussi, m’ennuient. Je m’ennuit.

dimanche 26 mai 2013

56 - Tout collé

p340

Tout collé... Ce sont les mots de Maki. Dix jours se sont écoulés depuis mon départ. Si partir était une nécessité, ce fut violent. Bref. Mais pas méchant. Aussi, est-ce Maki, le premier, qui tira sur le fil d'Ariane. Il m'a dit regretter d'avoir commis cette faute. J'ai répondu. Au début, par politesse. Ensuite, par amitié. Je ne vois pas cet amour dont tu causes. Sans doute mes yeux sont-ils encore trop humides ?








aveugle






Sa réponse, donc : Mon amour est là. C'est toi qui est aveugle. Il est tout contre toi...tout collé. Pour ça tu le vois pas. Qui croire ? Partagé entre le confort sentimental perdu et la trahison éprouvée.

samedi 18 mai 2013

55 - Vendredi 19 avril 2013 (partie 5/5) : exclusion

camus






23h00. Usé, Maki me rend la clé. Au dernier bagage descendu, il tente encore de me retenir... Mais non. Les plaies – à peine cautérisées par les mots – bâillent encore et, douloureuses, obligent à l'exil.









hasard






Après le dernier mot entendu, le silence angoissant de cette pomme incertaine dont on suit la trajectoire sans espoir de la maitriser. Le public se tait, médusé par tant d'audaces. Une fois la porte refermée, seules demeurent les étoiles. Elles guident mais secrètement on espère qu'elles soient partagées. Qu'il reste entre ces deux pôles repoussés une communauté que peut-être le temps pacifiera.

mercredi 15 mai 2013

54 - Vendredi 19 avril 2013 (partie 4/5) : confrontation

p339 

Les mots fusent, meurtriers. Maki – que par bribes ne lâche ses réponses – a peur. Il ne concède que mes affirmations -- au compte-gouttes délivrées -- nie le reste. Nos visages s'affrontent, yeux dans les yeux. Tel le loup traqué, il fait face au danger en provoquant le danger. Ivre de rage, mes yeux se vrillent dans ses yeux. Nos fronts se touchent, durs, volontaires, entêtés. Son souffle me griffe la joue droite : il s'est presque collé à mon corps de tout son corps pour endiguer ma colère. Pas d'insultes (plus tard, un ami* me dira que c'était là un signe d'amour). Néanmoins, les mots tuent. Et un long silence, peu à peu, m'exile de cet appartement. Déjà, je veux fuir loin d'ici. Loin de lui. Trahi.


* cliquer pour lire le commentaire d'André.

jeudi 9 mai 2013

53 - Vendredi 19 avril 2013 (partie 3/5) : confusion


p338Un bref courant d'air balaie l'appartement, la porte d'entrée claque. Maki vient de rentrer du médecin, de la pharmacie. 19H00 à l'horloge. Il me croit à la cuisine : depuis deux bonnes heures, pétrifié sur le canapé face à la télé – hypnotiseuse à laquelle je ne comprends rien – je n'ose bouger. Le moindre mouvement va me briser en mille morceaux, sûr ! Peut-être ce courant d'air suffira ? D'abord, les jambes molles. Puis ma tête qui s'est vidée. Et qui s'est emplie d'une histoire. Abracadabrante, ignoble, insoutenable. Brodée avec les mots des sms capturés. Une seule phrase me tapisse la tête – comment ose-t-il ? – : « il l'aime ». Comment a-t-il pu ? Et moi ? Qu'est-ce que je fais là ? Où donc est ma place dans son monde ? Le balcon m'a tenté, un temps – du quatrième, simple ! – mais non. Je ne me trimballe pas mon mogwaï depuis si longtemps pour céder aux chants des sirènes. Ithaque n'est peut-être pas loin, après tout ? Comme je ne suis pas dans la cuisine, Maki me découvre dans le salon.
p337

lundi 6 mai 2013

52 - Vendredi 19 avril 2013 (partie 2/5) : obstination


pluie1Son portable, là, oublié sur le dossier du canapé, me nargue. Maki est retourné chez son médecin. Ses douleurs du dos ne le quittent pas. Le répertoire me donne deux numéros de téléphone de Marco T.... Le dossier des sms me laisse lire la totalité de leurs conversations depuis le mois de décembre. Les mots – simples, explicites – dévoile une vérité cruelle, ainsi offerte et nue. Aucun doute : Maki aime ce Marco. Que suis-je alors ? Rejeté. Anéanti. Atomisé. Déjà peu, plus rien.

mercredi 1 mai 2013

04 - Collins plus maillard

collins7

"Imagine you're in the oven, baking. Some of us know and accept our sexuality right away and some need more time to cook. I should know - I baked for 33 years."
Thanks,
Jason !
 





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