dimanche 30 juin 2013

07 - 小憩 Une trêve (partie 2/2 : Le Bar du Zoo)

photosCe lieu n’existe plus. Mais cette table où je déjeune me rappelle ce bar. D’où me vient cette colère soudaine ? Le soleil sans doute... ou les lieux fantômes ? Cette lumière si étrange, pleine d’un soleil humide. Poser les appareils. Oublier les preuves.
Ce matin, retour dans le passé…Le travail m’impose ce pèlerinage. Aujourd’hui, je hais mon travail. Sur ces bâtiments ondulés par la chaleur, un amour de vingt-trois années se prélasse. Mon regard fixe particulièrement le hall du bâtiment L, haut lieu de ma rencontre avec Che-Nen. Nul besoin de photos jaunies : ce passé noie mon présent.
miroir






A cette table où je déjeune, une colère humecte mon regard, étouffe ma douleur. L’assiette se brouille tandis que des reproches me viennent. Des insultes même. Je lui en veux de m’avoir laisser le monde en cet état. Je m’en veux de n’avoir su le retenir, le convaincre.
Un jeune homme, face à ma table, m’observe. Ignorant de mon désordre, son regard fixe me blesse. Par pudeur, le mien se baisse. Ma colère assouvie, mon corps redevient douloureux. Le jeune homme face à moi, effacé. Le Bar du Zoo, rasé. Che-Nen, décédé. L’instabilité et des lieux et des gens et des chemins me révolte.
zen

vendredi 21 juin 2013

06 - 小憩 Une trêve (partie 1/2 : Le Sébastopol)

lader




Mon corps, devenu peu à peu le terrain de jeux cruels, ne me laisse aucun répit. L’expression de mes souffrances, une épreuve de cette foi en l’amour perdu de Maki, décidément inoubliable. A sens unique, désormais. Martyr, donc. Même Farid, hautain, ne sait calmer ces douleurs que je devine nécessaires.





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No sun will shine in my day today / The high yellow moon won't come out to play / I said darkness has covered my light,...L’autre jour, dans ce restaurant autrefois fréquenté avec Che-Nen, une autre douleur -- bien plus pernicieuse -- est venue remettre un semblant d’ordre dans ce chaos des impressions : à l’exacte même table que nous aimions à cause de la vue qu’elle offrait sur la Place des Nations, une lointaine mélodie saupoudrait ses notes...And has changed my day into night, yeah. / Where is the love to be found ? / Won't someone tell me ? / 'Cause my life must be somewhere to be found / Instead of concrete jungle / Where the living is harder […]
Bob Marley, Concrete  jungle, 1973


Un moment de répit, une pause, peut se dire [xiǎo qì] en Chinois :
小憩  xiǎo qì répit pause

mercredi 19 juin 2013

05 - Un thé au Sahara

tendresse 



Quelques mots auront suffi en fin de compte. Une envie commune aussi, sans doute. Pourtant, trop brutal, trop distant, aveugle aussi, c’est moi qui l’avais fui. Un répit de quelques semaines. Notre conversation -- amicale au début – roule peu à peu vers nos manques, nos besoins, nos envies. Les mots s’épaississent d’un sens que nous feignons d’ignorer. Mais à l’écouter, ma queue durcit. La sienne aussi, je pense.






Après le thé traditionnel, quelques mouvements auront suffi en fin de compte. Nus, enfin nos corps s’affrontent de nouveau. Ses mains puissantes entravent mes poignets dans le bas de mon dos. Ses genoux  -- au-dedans des miens -- écartèlent mes jambes à leur maximum. Ainsi offert, ouvert à son désir devenu mien, tous deux en équilibre tel un Calder.
douche5





Faut-il ou non regretter cette renaissance ? Quel vide tente-t-elle à combler ? Brèches à colmater ? Pour l’heure, de nouveau, le son mélodieux de l’eau de la douche sur sa peau résonne dans tout l’appartement.

mardi 4 juin 2013

38 - Conjugaison

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Quelques pas, nécessaires, pour éviter la sclérose. Bouger le corps, secouer l’esprit. Ne pas tomber dans une léthargie. Errer sur les sentiers aujourd’hui balisés, surveillés et punis des remparts de Maubeuge, au gré d’un soleil capricieux. Quelques pas, je fis.







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Au détour d’un lieu ancien, le bonhomme attire l’œil. Tu te crois seul au monde mais lui est là, aux aguets. Il te fait savoir combien il est viril, pas pédé mais aussi combien ton cul l’aimante. Pour le soulager, tu t’agenouillas. Et tu fis.






Tu fis si bien qu’il en tituba, impressionné par cette rage intérieure. La contenir s’avère bien compliqué : elle macère depuis tant et tant de  jours ! Aussi, après le coup : se revoir, c’est possible ? Mais oui, pourquoi pas ? Chez lui, son poing rivalise avec sa queue. Souffrir, s’offrir à ce poing, souffrir encore. Puis d’en redemander, jouir. Il fiste
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