lundi 30 juin 2014

02 - Enfers

ombreDe toute façon, j’irai en enfer…déjà parce que je fais ça avec des hommes.


Sa longue absence de deux semaines m’avait fait vivre un enfer. Dix-sept jours d’un enfer païen, ma propre image consumée : il ne m’aime plus moi, trop vieux, trop moche, etc…Supplique : Quand reviens-tu ?

La prière du Subh commence à 03h42 demain matin. Le mois de Ramadan 1435 l’interdit... Mon respect s’incline face à mon désir : Dieu l’enverrait-il en enfer si on se voyait tout de même après l’Isha ? De toute façon, j’irai en enfer…déjà parce que je fais ça avec des hommes.


Je lui ai répondu quoi déjà ? Que Dieu ne punirait que ses mensonges. Pas les actes de bien. Aimer est un acte de bien.
couple7

dimanche 29 juin 2014

vendredi 13 juin 2014

07 - Désert

quidam japan




Personne ne traine ici, il fait trop chaud. Une pierre luisante après la pluie. Un peu de terre collante. Des herbes sèches néanmoins. Au loin, à l’autre bout de la prairie, la double voie rapide feint de s’occuper. 










tarmac

Evoqués, convoqués, provoqués. Moi seul au milieu de tous. Tant de questions : qui ils étaient. Ces inconnus aperçus ça et là, au hasard d’une drague, d’une rue et que ma mémoire s’évertue à conserver. Que sont-ils devenus ? Ce monde désertique de cinquante-trois ans et demi, peuplé d’une myriade d’inconnus, m’angoisse.
lui4





Muette et trempée de soleil, la route ondule. Cette mousse fraîche sous mon pas ne me console pas. Cette vie n’est qu’un vulgaire musée de province : elle n’a d’importance que pour moi.

mercredi 11 juin 2014

06 - Satrape*

danse
Pendant l’amour, tout son corps me couvre. Farid – de cet acte de chair – construit un mausolée où je puis sereinement enfin me recueillir. Des mots usés dans des râles, des mots émus dans ce mausolée, des maux isolés.

Dans ses bras, ainsi protégé, je convoque des héros. Un père, tant absent. Un ami, ignorant de ce que je l’aimais. Farid m’insulte. Pour me dominer, cela le rassure. Ses mots orduriers pansent la douleur des souvenirs qui m’assaillent.


double

 
Sa jouissance le fait taire, soudain. A terre, son silence m’est un mur le long duquel ondule encore mon murmure. La chambre – envahie de nos seules respirations saccadées – résonne comme au tombeau.
Farid, en bon satrape, me gouverne.



* σατράπης [ satrápês ] en grec, désigne un gouverneur perse, un protecteur du pouvoir.