dimanche 31 août 2014

07 - Boomerang (partie 1/5 : mars 1991)


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Un éclat de rire juvénile émiette ma concentration. Che-Nen alors hantait mes jours. Dans ce café, un matin, venu me reposer l’esprit, une bande de lycéens bruyants commence sa journée. Cette bonne humeur m’agace un peu, alourdi par mes déjà trente ans.





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Au milieu d’eux, un se distingue. Il me regarde souvent. Est-ce de l’envie qui se lit dans ses yeux ? Cette envie me touche-t-elle ? Possible. Mais Che-Nen, gardien fidèle, lui interdit le passage et tente de dissimuler mon trouble. Lui trouver des défauts me parait être la meilleure des armes contre.
Son rire androgyne, ses traits précieux, ces midinettes admiratives autour de lui, l’insolence de sa jeunesse. Ses dix-sept ans m’agressent. Tout cela m’exaspère. Enfin, je peux l’oublier.

lundi 25 août 2014

06 - Bââdaboum

Bââdaboum ! Bigbadaboum ! Sur sa bouille orangée, sont gravés l’effroi et l’angoisse, la surprise. Ainsi Leeloominaï Lekatariba Lamina-Tchaï Ekbat De Sebat résume-t-elle sa chute sur Terre. Boum ! Bââdaboum ! Bigbadaboum !
 


 

Ce mardi 19 août, restaurant. Elégant, attirant. Courtisé, je succombe à sa parole, aux miroirs de ses mots. Les perspectives ainsi offertes me poussent à n’être que moi. 


Qu’a-t-il dit en partant ? Que « un coup de cul ne méritait pas un tel risque », c’est ça ? Marmonné, là, sur le seuil de la porte. Petit tas de boue humaine ridicule de misère.



 


 Bââdaboum ! Bigbadaboum ! Boum ! Bââdaboum ! Bigbadaboum ! Le monde est donc revenu à sa part absurde, brouillé par mes larmes. Mais à quoi bon puisqu’elles ne font pas s’enfuir mon mogwaï (*) ?



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05 - Volupté

Que me chuchote-t-il donc à l'oreille ? Qu'il m'aime. Que rien ne nous séparera désormais. La douceur de ses mots achève de me convaincre. Alors une de ces très belles voluptés m'enveloppe. Une rare. De celles qui savent me protéger tout en m'exposant. Un océan de douceurs dans lequel je peux être, enfin, libre. Libre de mes émotions.

lundi 11 août 2014

04 - Ivresse

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La rencontre a été si inattendue, imprévisible... Depuis quelques semaines, mon corps est en état d’apesanteur, ivre de son bonheur.
Tant d'êtres adulés me manquent à qui j'aurais aimé hurler mon bonheur de l'avoir enfin rencontré. Avec lui, grâce à lui, pour lui : me détacher de ces fantômes à jamais. Et tituber de joie.

samedi 9 août 2014

03 - Camisole

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Tous sont partis. Lui tout à son choix de vie. L’autre pour une fille. Celui-ci pour un meilleur salaire. Cet autre, rappelé à l’univers. L’un par dégoût, même. D’autres – beaucoup, hélas, mais ça étonnera qui ? – endettés.


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Soucieuse de ma mise, la solitude me maquille. Prend soin de ma personne fragile. Me vêt. M’isole. Me tatoue dans le dos des paroles préventives. Ce calme m’isole. Involontaire camisole.