samedi 13 septembre 2014

10 - Boomerang (partie 4/5 : exil)

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Malik, enfant d’un soir plein de désirs et de promesses, s’envisage soudain tel un serment. Mais ce soir-là, trop de tristesses nous écartent. Lui, plein d’un deuil chrétien (je ne le saurais que plus tard). Moi, orphelin de Che-Nen. A peine ouvert, le livre se referme.










extase

Le bonheur atteint ce soir-là éclabousse. A nos yeux invisible, intolérable aux autres. Leur décision irrévocable : ce bonheur doit périr. Me concernant, Bruno s’attèlera à cette tâche avec une féroce obstination.
Ainsi mon roi s’exile-t-il. Evanoui, pleuré, jamais vraiment oublié. D’autres, aux mêmes traits maghrébins, toujours plus nombreux, jamais ne sauront combler ce vide.
rage

samedi 6 septembre 2014

09 - Boomerang (partie 3/5 : le roi nu )

malik10






Malik* ? Une idée d’abord, envisageable. En vain chercherait-on une explication… Pour le moins, une cause, sa conséquence ? En vain. Le bruyant garçon du café, en deux ans, est devenu un prince.






fumee


Au cœur de cette nuit-là, nus, nos envies se mêlent. Malik, allongé, un songe et moi sur lui, une chimère, disloqué. Ses muscles juvéniles ondulent sa peau duveteuse. Mon roi, nu, m’enveloppe de la myrrhe, de ses encens. Mon roi, nu, m’emplit.

*Malik, en Arabe, est celui qui possède, le roi. 

jeudi 4 septembre 2014

08 - Boomerang (partie 2/5 : premiers pas)


impossible






Après cet épisode du Mabuse*, ma chronologie se brouille. Che-Nen, parti sur Lille pour ses études, m'a tué. Et mon errance commence là. Un an ou deux ans après, vers 1992, le garçon du café réapparait, dans le sillage de Bruno**. Inattendu. 
 




honte






Ce parking se situe juste à l'aplomb de la rencontre avec Che-Nen. Il en était devenu comme un autel où je venais parfois prier. Ce samedi-là, le garçon est là. Il m'attend ? S'approche de la voiture, tente de me parler... Phagocyté par Che-Nen, les mots me manquent. Terrorisé, fuir me rassure. Dans mon rétroviseur, il avait l’air si malheureux…Est-ce que je le vois bien tenter de me rattraper ? La vitre entr’ouverte me fait entendre quelques mots que je distingue mal.
A peine éloigné de sa vue, une honte m’étreint. Méprisable je suis devenu. Parmi les misérables.

* Le Mabuse est l’ancien nom d’un café de Maubeuge.
** Cliquez sur le mot pour des précisions.