mercredi 28 octobre 2015

03 - Bientôt Fa...



Toujours ça traine. Avant. Quelques jours avant. Chaque fois le même plongeon. Les fins d'après-midis crépusculaires propices à une invasion barbare des pulsions soudainement libérées. Le grand n'importe-quoi des postures : ici, un tronc d'arbre favorable à une pose aguichante ; là, le pare-choc arrière de la voiture d'un inconnu, garé dans ce sentier forestier.


Et toujours, les inconnus affluent. Grande marée des caresses, des frotti-frotta, à la pleine lune. Ils ignorent. Ne voudraient pas savoir de toute façon. Les apparences sauvegardées leur sont la garantie d'une innocuité. Dans la mesure du possible, je tente de les préserver, donc. Vaste partie de billard. Certains, déçus, me toisent d'un mépris sans bornes et poursuivent leurs rondes au clair de lune.
Toujours ça traine, cette tentation de repli sur moi-même. Avant. Toujours quelques jours avant. Vendredi matin, je me rends à Tourcoing pour cette consultation trimestrielle. Fa* me bombardera de questions sur mon intimité. Une infirmière attaquera mon bras pour des analyses complètes. Le mogwaï sera toujours indétectable. Du moins, je le suppose. Le doute traine. Toujours ça traine. Et à chaque fois, la même impression poisseuse de vivre en aveugle.
* Cliquez sur le lien pour le portrait de Fa.
 

vendredi 2 octobre 2015

01 - Master and servant






La scène peut sembler banale. IL entre dans la pièce, éructe un ordre. Mon refus d'obtempérer me vaut une gifle. Selon son humeur, cette claque percutante, parfois, se meut en une sévère fessée. Ni mes plaintes ni quelques larmes n'influent sa force. IL frappe. Encore...encore et encore. Et si malgré ces débuts, mon refus s'obstine, mon corps devient pour Lui l'occasion d'un sac infernal.








Absence totale de pornographie. In fine, pas de coups mais un dégoût. Dégoût du monde. Maître et esclave. Pas plus de douleurs mais autant de passerelles à franchir. Pour ne pas Le perdre, Lui -- et avec Lui, ce lien au monde si nécessaire à ma survie.








Par de-là mes cris, un lourd silence me cloue. Ce monde hurlé m'emmure dans un mutisme extatique. La logorrhée professionnelle joue à merveille les paravents. Par elle masqué, l'alchimie en moi peut créer cette délicate médecine : transformer la souffrance en plaisir. Ainsi leur monde se supporte-t-il.