mercredi 24 février 2016

vendredi 19 février 2016

04 - Farces

Emmuré dans un appartement pourtant familier, les places convenues se moquent de moi. Plus aucun mur, ni sol, ni plafond à leurs places. Dimensions éclatées, abolies, fantaisistes... Plus aucune gauche, ni haut, ni droite, ni bas. Les cadres pourtant si familiers (et donc rassurants puisque connus) se jouent de ma raison. Ni près, ni loin... Les distances galèjent. Même le temps joue à colin-maillard, la nuit souvent, enterré dans le noir trop profond de la chambre. Aucun repère ne m'ancre plus.
Dans ces vides écœurants, je flotte comme en apesanteur. Un regard cisèlerait ma silhouette. Une main sur ma peau me façonnerait une armure. Des mots suaves donneraient un sens à ce tourbillon absurde. 
 
Mais quoi ?
Rien.

samedi 6 février 2016

03 - Purgatoire

Un goût amer comme de la boue entre les dents. Après la dernière opération, censée mettre un terme à mon calvaire, une hospitalisation en urgence pour douleurs insupportables : un abcès a cru pouvoir trouver son bonheur dans la plaie ! La médecine y a mis bon ordre en quelques jours et me voilà rentré de nouveau chez moi. Des douleurs encore mais nettement plus acceptables et normales après de telles interventions ponctuent mes journées.
Beaucoup de repos, certes. Mais le physique exprime bien mal la solitude dans laquelle je suis plongé depuis début novembre. Ces blessures-là tardent aussi à se cicatriser. Elles ne sont pas les moins pénibles. Elles salissent mon image, boueuses, me roulent dans un fange immonde, souillent mon reflet aux miroirs.
Miettes... Il n'y aura guère que ça à tenter de récolter après toutes ces épreuves. Trouver encore quelques raisons de combattre, de s'accrocher à tout cela qui me constituait un univers, va encore compliquer et allonger ma convalescence. Être vraiment las de vivre n'est pas une posture d'intellectuel désœuvré.
Après ces trois mois et demi de traversée du désert, au creux d'une mare, on-ne-sait où, recroquevillé, honteux de solitude, je peine à me reconnaître. La Mort ne m'attend-elle pas au rivage qui me laisse ainsi croupir dans mes tristesses, purgatoire païen.