Elle
revient de la ville, un petit paquet de soldats verts en plastique. Son
regard malicieux m'incite à garder ce cadeau secret. Notre secret. Un
lien indestructible entre le petit garçon fragile et ma grand-mère.
L'hiver
rudoie mon souvenir. Il sort de la salle de bain en tricot de corps,
bas de pyjama à rayures bleues. Pieds nus sur le carrelage. Mon père me
renvoie l'avion à friction découvert au pied du sapin, un 25 décembre
1964.
Leurs
regards – gris pour l'une, bleu pour l'autre – se chevauchent dans ma
tête. Le froid me pince. Un mot me traverse en un éclair l'esprit :
non ! Ce n'est pas là une vie perdue, inutile. Au moins ces repères-là
m'orientent-ils et éloignent de moi les peurs de l'enfant. Est-ce
là une vie gâchée ? Du temps oublié ? Un long couloir que seuls les
morts jalonnent ? Une guerre de 50 ans aux batailles toutes perdues ? La
neige et le froid cerclent ma mémoire. Non !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire