vendredi 28 novembre 2014

04 - Être au monde *

New-York. Quelque part entre la 14th Rue et la 2nd Avenue. Manhattan. East Village, donc. Hanté, il éclabousse les murs de graffs bouleversants, pas encore géniaux qu’il signe SAMO©. Salir des murs et des pavés de dessins inspirés lui permet de survivre. Une ronde l’oblige à fuir encore, vers le Nord d’East Village.



Dans cette nuit, un jeune homme aux lunettes rondes, sort de la School of Visual Arts, sur la 23rd Rue. Peut-être parce qu’il incarne son désir, laisse-t-il la porte ouverte à un jeune Noir, essoufflé de sa course. Le lendemain, les murs de l’école sont couverts de graffs. Pour Haring, SAMO© devient Basquiat.




Ses démons ne le laisseront décidément pas en paix cette nuit. Sortir de cette école, presser le pas, se rentrer. Nu enfin, apaisé, peut-être pourra-t-il achever cette toile ? Evacuer, exorciser. Dans ce fatras, se glisse l’image du jeune homme maigre aux petits yeux myopes. Andy les réunira.
A cet instant précis de 1977, ceux-là qui se croisent du regard, se voient fulgurants, fugaces, éphémères. Devenir éternel ? Mourir donc, vite.









Jean-Michel Basquiat (1960-1988), mourra d'une overdose.
*








Keith Haring (1958-1990), du sida.


















*"être au monde" est une expression de K. Haring pour définir son rapport au réel.
 

dimanche 23 novembre 2014

03 - ...et le poids du monde.







Âpre souvenir. Bien-sûr retourner sur place comme une nécessité. Refuser de perdre les fugitifs, les éphémères, les transitoires. Convoquer, provoquer, évoquer, assigner. Les souvenirs épicés de douleurs me piquent les yeux. Au milieu des trois arbres, les feuilles ne sont pas parvenues à conserver ses formes : elles virevoltent, bruissent au gré d'un vent d'automne qui me hait, assurément. 



Comment pourrait-il en être autrement, impuissant qu'il est à m'emplir les narines de cette odeur de musc. Âcre souvenir. Le poids du monde pèse lourd. 54 ans maintenant ne suffisent pas pour le supporter.

jeudi 13 novembre 2014

02 - Le bruit des feuilles...

A la nuit qui tombe, les feuilles craquent sous le caoutchouc des pneus de son vélo. Une silhouette issue d'une des cités de la ville, nulle doute là-dessus. 17, 18...peut-être 19 ans. Il s'arrête entre trois arbres. Une méfiance instinctive m'incite à poursuivre le sentier.
Cinquante mètres plus bas, la nuit m'enveloppe définitivement. Il n'a pas suivi. Six minutes après, trop seul, le chemin inverse. Resté aux arbres, son énorme sexe entre ses mains agitées m'aimante. La cigarette éteinte embaume son haleine. Son corps ferme recherche mon plaisir. Et ses mains. Puis sa langue.



A mon seul regard s'offre un monde enfoui sous des gravas sociaux. Son plaisir (ou le mien) atteint, ce corps encore juvénile repartira sous ces décombres. Cet exil culturel m'attriste. Mes narines s'encombrent de cette triste odeur un peu sucrée, parfum sué de la peau lavée du matin. Che-Nen, enivrant, sentait cela aussi. Se prénomme-t-il ? Cela non plus, je ne le saurai jamais.

mercredi 12 novembre 2014

03 – Tartelettes au sucre


Garnir et cuire :
Foncez la pâte qui reste de la recette de la tarte au Maroilles dans 4 petits moules (10 cm).
Couvrez le fond de vergeoise blonde.
Comme pour la tarte au Maroilles, laissez reposer au chaud une heure durant.
Du bout des doigts, mouillez avec du lait.
Parsemez une ou deux noisettes de beurre.
Enfournez à 180° (therm. 6) durant 15-20 minutes.
A faire dans la foulée de la cuisson de la tarte au Maroilles, cela fera gagner du temps.
cuisine1 (3)

lundi 10 novembre 2014

02 – Tarte au Maroilles

cuisine1 (1)Ingrédients :
20grs de levure achetée chez un boulanger
15 cl de lait (entre 1/10 et 1/8 sur certains verres doseurs)
1 sucre
250 grs de farine blanche
1 œuf entier
1 pincée de sel
40 grs de beurre mou
Préparation :
Tiédir le lait et versez-le dans un bol.
Sucrez-le avec le morceau de sucre.
cuisine1 (2)Emiettez la levure dedans, laissez reposer.

Mélangez la farine et la pincée de sel du bout des doigts.
Ajoutez l’œuf entier, le beurre mou et le bol de lait.
Pétrissez à la main jusqu'à obtenir une boule de pâte qui ne colle plus aux doigts ni au saladier.
Reposez ce pâton dans le saladier, placez-le au chaud 15 mn.
Etalez la pâte et foncez-la dans un moule à tarte de 24 cm de diamètre.
Découpez les bords qui dépassent (il peuvent vous servir à quatre petites tartelettes au sucre).
Laissez lever la pâte dans le moule durant une heure au chaud.

cuisine1 (4)Garnir et cuire :
Découpez votre quart de Maroilles en tranches « fines ».
Les lamelles doivent couvrir toute la surface de la pâte.
Poivrez légèrement.
Saupoudrez généreusement d'estragon (frais ou séché).
Parsemez de quelques noisettes de beurre.
Au four à 180 degrés (thermostat 6) pendant 15-20 minutes.

vendredi 7 novembre 2014

01- 餐 prendre le repas

kk1

Ingurgiter, se sustenter, se nourrir, s'approprier, se satisfaire, se faire plaisir... La nourriture, selon l'angle abordé, peut devenir tout et n'importe quoi. De l'alimentaire au philosophique, la cuisine n'a jamais été ni un lieu ni une activité « simple ». Plus compliqué encore : manger, sous le diktat du mogwaï, relève parfois du défi. D'un combat pour certains, hélas.
Ici, juste fournir quelques recettes simples, naturelles. Des recettes réalisées, agréables pour au moins trois raisons : leur simplicité – faciles à réaliser et pas ruineuses ; leur côté proustien – des odeurs et des goûts trop longtemps enfouis ; la satisfaction d'avoir su les personnaliser, les adapter à mes besoins.


Manger, prendre le repas peut se dire [cān] en Chinois :
餐 cān

dimanche 2 novembre 2014

01 - Départs

départsInconnues, leurs destinations. Ils partent, voilà tout. A peine revus, si peu frôlés, déjà ils partent. Polis certes mais si absents, loins. Pourquoi me parlent-ils puisque je ne les écoute déjà plus. Je sais leurs mots d'avance si vains. Je sais l'issue de nos rencontres, cela m'attriste toujours.
Leurs odeurs, parfois tenaces, s'entêtent après leur départ. Agréables ou pas, elles sont les témoins de leur existence. Sans elles, un doute me rongerait.
Celle de Che-Nen parfois revient à ma mémoire.
manque