vendredi 27 juillet 2012

39 – Soleil-soleil


sou1

Un sourire. Une conversation simple. Le téléphone n'abolit pas que les distances : les inhibitions aussi. Maki, ce soir-là, s'effondre. Les mots dévalent les pentes en haut desquelles ils se tenaient, agglutinés. Emportent tout sur leur passage. Des mots puis des larmes, salvatrices. Mais encore un sourire.



herbe

La joie inonde. Que se dit-il ? Que jamais le lien n'a été rompu, en dépit des apparences. Que ce jeu – imposé – de la famille – imposée – ne fut que parenthèse. Eloigner l'autre. Lui épargner une blessure. Jeu cruel nécessaire. Quoi d'autre ? Rien ! Ah si : la joie -- telle l'herbe fraiche la peau -- mouille les yeux.



sou2

Après les tempêtes de ces derniers mois, un soleil réanime les décors. Les douleurs s'estompent. Les couleurs, les sons, les choses,… Tout redevient sensé. Pas comme avant. Impossible. Mais avec le goût d'une nouvelle journée pleine de promesses. Soleil-soleil, aurait-on envie de chanter !


阳光 yáng guāng lumiere du soleil


La lumière du soleil se dit [yáng guāng] en Chinois.

lundi 23 juillet 2012

06 - Made in America

fo1        Sweet King Martin, sweet Queen Coretta
        Sweet Brother Malcolm, sweet Queen Betty
        Sweet Mother Mary, sweet Father Joseph
        Sweet Jesus, we made it in America
        Sweet baby Jesus, oh sweet baby Jesus

D'abord des larmes. Irrépressibles. Adolescentes. Indécentes, à 52 années. Ça tourne en boucle et en boucle et en boucle. Midinette. Comprendre. Jay-Z § Kanye West feat. Frank Ocean. Quand t'as dit ça, tout et rien n'est dit. Made in America, onzième morceau de Watch The Throne. Une facture classique : deux verses, trois hooks.
Kanye West attaque.

Kw1

I told my mama I was on the come up
She said, "You going to school, I’ll give you a summer"

Then she met No I.D. and gave me his number
Ten years later she driving a Hummer
                                               




        Sweet King Martin, sweet Queen Corettafo1
        Sweet Brother Malcolm, sweet Queen Betty
        Sweet Mother Mary, sweet Father Joseph
        Sweet Jesus, we made it in America
        Sweet baby Jesus, oh sweet baby Jesus

 Jay-Z répond.
jayz

I pledge allegiance to my Grandma
For that banana pudding, our piece of Americana
Our apple pie was supplied through Arm and Hammer




Frank Ocean explose le hook. Voix aérienne – douce prière à des dieux païens (les Luther King, Malcom-X)  – divine. Psalmodie inspirée. Du grand Jay-Z. Mais les sons cadencés n'expliquent rien.
Le ton. Le ton et les mots. Hargneux. Noirs. Rageurs. Mal-être congénital cadencé. Pas la même génération. Pas la même nation. Pas la même peau. Pas la même vie. Les mêmes maux pourtant. Une même quête. Une même soif d'être.

Made In America (Jay-Z § Kanye West feat. Frank Ocean) sur l'album Watch The Throne.


38 – 庇护 abri

pl


La peur de la souffrance annihile ma logique. La situation scabreuse devient la norme. La multiplier, une règle. Faire n'importe quoi, sans réfléchir. Raisonner ne corrige pas mon image. Pourquoi ne me portent-ils pas dans leurs bras ?


tr






La souffrance comme analgésique. Sa recherche anéantit-elle le risque d'erreur ? Dans un quotidien illogique, la peur bannit celui qui la redoute. L'extrémité des situations imposerait la stupeur. Narquois, tous s'excitent de ma peur. Leurs bras me servent de garde-fou.








deParler. Leur parler de quoi ? Ils se moquent des mots, ne veulent entendre que mes gémissements, halètements. Les fuir me rapproche de l'Enfer. Torsions des corps. Le zéphyr fixe les sueurs sur des peaux bistres, tristes. La honte ne m'abrite même plus. Leurs désirs que je prolonge, me protègent. Enfin.

bì hù


Protéger, placer sous protection, abri, en Chinois, peut se dire [ bì hù ] :

mercredi 18 juillet 2012

05 – Impressions décevantes

pe1Mon dos aplati sur le sol, sa figure en plein dessus la mienne. Ses yeux happent mon regard, ses lèvres captent mes lèvres. Mes mollets caressent ses joues. Sa barbe naissante les picotent suavement.
pe2
La douche, enfin. Ses mains sur ma peau. Ses doigts lui impriment des rougeurs. Paupières closes, mon esprit erre. Les marques sur ma peau laissent des traces de peinture. Chaque couleur devient un mot d'amour. Car il m'aime assurément puisqu'il me lave après l'amour.
La porte se referme. Le palier pue. La ville nous éloigne au gré de mon pas. Mon regard inquiet scrute les visages croisés. Tous m'ignorent. Pourtant, tant de couleurs haut portées, ne devrais-je les attirer ? Une vitrine : mon visage s'y dessine : les peintures ont disparu ! M'a-t-il donc si peu aimé ?
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lundi 16 juillet 2012

30 - Ocean orange


foEtre né noir en Louisiane en 1988. Survivre à l'ouragan Katrina en 2005. Emigrer vers la Californie. Sortir des rangs de l'OFWGKTA (Odd Future Wolf Gang Kill Them All ). Pas encore 24 ans. Sortir son premier album aux Etats-Unis. Beaucoup pour un seul gamin. Avoir vécu sur la ligne de crête de la vie semble une expérience irremplaçable.

fo1
Channel Orange est sorti depuis quelques jours. Frais en ce début d'été. Quelques samples intéressants, une rythmique originale. On y reconnaît du Mickaël Jackson parfois. Pas dans le style, dans cette façon d'entamer l'attaque sonore. L'habillage musical des morceaux, des réminiscences du Floyd.

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Le môme fait aussi le buzz sur les réseaux pour avoir balancé sur son site son coup de foudre pour un de ses amis, en 2006. Pas vraiment un coming out mais une sincérité de ton particulièrement bienvenue, rare dans ce monde étrangement homophobique du Rap américain.
Son album :
co

Cliquer sur l'écran ci-dessous pour accéder directement au site de Frank Ocean :
 

(Merci à André pour m'avoir aiguillé sur ce gamin prometteur.)