Au
réveil, les corps identifiés enfin, s'étirent. Câlins. Maki, couché sur
le ventre, joue des muscles noirs de son corps. Ma joue posée sur une
omoplate, s’amuse des mouvements. La peau, douce, lisse et noire,
magnifique, m’hypnotise. Mon crâne résonne de sa voix. Bercé, mes yeux
se ferment, à ses sons graves. Comme je n’entends pas ce qu’il
m’explique, je soulève ma tête.
Au
mur, le regard de Che-Nen, un peu navré, nous surprend. La voix –
maintenant plus claire de Maki – ne peut dissiper le reproche de la
photographie. Ce regard juvénile, du printemps 91, plonge sur ces corps,
à peine éveillés, de cet hiver 2014. Mes 53 ans se noient dans le
souvenir de mon corps de 30 ans malgré le pont jeté entre ce monde-là et
aujourd’hui. Une
angoisse pointe qui me fait frissonner, inquiète Maki qui cesse de
parler. Le silence imposé de Che-Nen envahit le jour qui commence.
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