vendredi 28 mars 2014

81 – Τάρταρος


Une farandole de jeunes colore de ses cris les terrasses du printemps précoce. Où que mon regard porte, les rues de la ville brillent. Une joie semble vouloir me soulever le cœur mais un voile à mes yeux obscurcit le décor. Là où ils sont heureux, Che-Nen connut aussi le bonheur. Alors le vent tiède écœure ma joie.  La ville – en un souvenir fugace – devient une insulte.



Depuis, je ne regarde plus les crépuscules. Ni les aubes. Leurs lueurs se confondent avec ma peine. Les mondes en déclin ne m’ennuient. Maubeuge, sous le printemps, expie mes fautes. Tel Sisyphe à Tartare – Τάρταρος en Grec – je roule mon rocher sans plus aucun espoir. A quoi bon ? Vers quel avenir qui serait différent de celui que j'attends, toutes ces sensations me mènent-elles ? Où que mon regard porte, Che-Nen apparait... Ici son collège... Plus loin, son lycée... Là-bas, le parc où il jouait, enfant... Jusqu'à son père que je croise souvent au pied de sa résidence... Enfin, là son cimetière..



Comment sortir de cet Enfer ? Quel seuil de plomb dois-je franchir à rebours pour espérer un autre quotidien, libre, délivré de ce poids des souvenirs ? Enfin pouvoir jouer libre dans les rivières ocres de l'enfance sans plus de soucis...

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