
Ce
matin, retour dans le passé…Le travail m’impose ce pèlerinage.
Aujourd’hui, je hais mon travail. Sur ces bâtiments ondulés par la
chaleur, un amour de vingt-trois années se prélasse. Mon regard fixe
particulièrement le hall du bâtiment L, haut lieu de ma rencontre avec
Che-Nen. Nul besoin de photos jaunies : ce passé noie mon présent.
A
cette table où je déjeune, une colère humecte mon regard, étouffe ma
douleur. L’assiette se brouille tandis que des reproches me viennent.
Des insultes même. Je lui en veux de m’avoir laisser le monde en cet
état. Je m’en veux de n’avoir su le retenir, le convaincre.
Un
jeune homme, face à ma table, m’observe. Ignorant de mon désordre, son
regard fixe me blesse. Par pudeur, le mien se baisse. Ma colère
assouvie, mon corps redevient douloureux. Le jeune homme face à moi,
effacé. Le Bar du Zoo, rasé. Che-Nen, décédé. L’instabilité et des lieux
et des gens et des chemins me révolte.