mercredi 11 juin 2014

06 - Satrape*

danse
Pendant l’amour, tout son corps me couvre. Farid – de cet acte de chair – construit un mausolée où je puis sereinement enfin me recueillir. Des mots usés dans des râles, des mots émus dans ce mausolée, des maux isolés.

Dans ses bras, ainsi protégé, je convoque des héros. Un père, tant absent. Un ami, ignorant de ce que je l’aimais. Farid m’insulte. Pour me dominer, cela le rassure. Ses mots orduriers pansent la douleur des souvenirs qui m’assaillent.


double

 
Sa jouissance le fait taire, soudain. A terre, son silence m’est un mur le long duquel ondule encore mon murmure. La chambre – envahie de nos seules respirations saccadées – résonne comme au tombeau.
Farid, en bon satrape, me gouverne.



* σατράπης [ satrápês ] en grec, désigne un gouverneur perse, un protecteur du pouvoir.

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