dimanche 10 février 2013

21 - Airs (of) graves

voile

Un sourire kabyle moins sanglant que ces blessants silences ? N'avoir retenu que des cous à la peau duveteuse, soyeuse forcément et juvénile malgré tout : une vengeance ignoble. En quoi consiste ma traitrise ? Chaque fois que je me retourne, dans mon dos, ces ailes dont chaque plume porte le nom d'un de ceux-là, terrassé. Foudroyé dans l'élan de sa pauvre jeunesse de pauvre. Fichu en terre, moribond – comme planté – agonisant va-nu-pied, fauché d'un coup de rein innocent. Empalé par un ange aux ailes tristes.
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Parmi les épitaphes, quelques-unes remémorent des sourires, vagues désormais, presque effacés de ma mémoire. N'en reste que les ombres, évanescente idée, oui. L'idée du sourire de celui-là, pétrifié la veille de nos jeunes printemps. Où donc se cachent-ils, ces oubliés ? Quelles allées caillouteuses remonter pour de nouveau les rencontrer ?


Les cimetières suintent – transpirent, respirent, aspirent à – ces airs graves. Ces travées-là, trop exiguës pour mes ailes douteuses, ne conviennent qu'à l'étroitesse des cercueils. D'ailleurs, aucun de leurs larges rires n'éclaire mon présent. Nuageux. Sombre. Obscur. Noir. Si noir, qu'aucune blondeur ne se risquerait à déranger.
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