Un
sourire kabyle moins sanglant que ces blessants silences ? N'avoir
retenu que des cous à la peau duveteuse, soyeuse forcément et juvénile
malgré tout : une vengeance ignoble. En quoi consiste ma traitrise ?
Chaque fois que je me retourne, dans mon dos, ces ailes dont chaque
plume porte le nom d'un de ceux-là, terrassé. Foudroyé dans l'élan de sa
pauvre jeunesse de pauvre. Fichu en terre, moribond – comme planté –
agonisant va-nu-pied, fauché d'un coup de rein innocent. Empalé par un
ange aux ailes tristes.
Parmi
les épitaphes, quelques-unes remémorent des sourires, vagues désormais,
presque effacés de ma mémoire. N'en reste que les ombres, évanescente
idée, oui. L'idée du sourire de celui-là, pétrifié la veille de nos
jeunes printemps. Où donc se cachent-ils, ces oubliés ? Quelles allées
caillouteuses remonter pour de nouveau les rencontrer ?
Les
cimetières suintent – transpirent, respirent, aspirent à – ces airs
graves. Ces travées-là, trop exiguës pour mes ailes douteuses, ne
conviennent qu'à l'étroitesse des cercueils. D'ailleurs, aucun de leurs
larges rires n'éclaire mon présent. Nuageux. Sombre. Obscur. Noir. Si
noir, qu'aucune blondeur ne se risquerait à déranger.
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