D’une voix étouffée d’émotions, Farid me prévient qu’il va jouir. Son visage, libéré de ses pudeurs ancestrales, se fige.
Les
doigts longs et fins, bruns – auréolés d’un ongle éblouissant de nacre –
hésitent imperceptiblement, finissent par enserrer la tasse de thé
vaguement fumante.
La
noirceur de son regard recouvre d’un voile pudique mes lèvres. Son
départ me peine. Il le sait, peiné autant que moi. Moment tragique.
Lesquels
préférer, de ces instants ? Ceux-là – et d’autres encore qui
m’échappent à jamais, trop fugaces, trop subtils – abolissent le temps.
Anéanti, mon passé long de 53 ans – soudain devenu inutile. Abscons,
l’avenir. Seul, l’instant présent reste limpide. Hic et nunc, donc.
*Hic et nunc : Hic, ici. Nunc, maintenant. Ensemble, les deux termes forment une locution qui insiste sur l'immédiateté de la chose.
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