Peut-être
la fin d'un hiver trop dur ? Ou alors le week-end après une rude
semaine ? Quelle qu'était la raison, ça oui, j'étais excité ! Surexcité,
énervé même ! Sauter d'un coussin l'autre, parler fort, hurler de
rire... Du haut de mes neuf ans, j'agaçais mon monde en cette fin
d'après-midi de mars 1969.
A
commencer (mais sans doute était-ce la vraie raison) par ma sœur qui,
ce samedi-là profitait de l'absence de nos parents pour flirter avec son
petit ami. Le Daniel en question, hypnotisé, magnétisé, obnubilé par –
je suppose – les promesses de ma sœur, m'ignorait (et sans doute
était-ce la seconde bonne raison).
Un
coupable, y en a-t-il un, seulement ? Amoureux éconduit ? Enfant
énervant ? Les plis des draps servaient de montagnes à mes soldats. Une
bataille faisait rage que j'allais remporter... Une ombre dans
l'encadrement de la porte. Son corps s'est appesanti sur le mien. Les
petits soldats, inquiets, silencieux, s'étonnaient de ce souffle rauque
qui enveloppait mon cou, stupéfiés par tant de dureté.
« Tu
pourrais dire au revoir au moins, malpoli ! ». Ma sœur hausse les
épaules face à mon entêtant mutisme. Est-il jamais revenu ? Possible. Je
crois surtout qu'il n'a jamais quitté ma mémoire. Mais pourquoi donc
faut-il rester poli quand on se sent sale ?
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