Enfant,
ce jeu m'impressionnait. Appartenir à une réalité invisible, certes.
Mais surtout : son seul regard bienveillant suffirait à me faire
exister. Outre d'être agréable, le découvreur jubile ! Quoi... d'avoir
gagné ? Non... de me voir ! Mon plaisir venait de cette lueur de joie
perceptible dans son regard.
Le
cache-cache des adultes, ça le fait moins, n'est-ce pas ? C'est
pourtant à ce jeu – stérile désormais – que Maki aime jouer. Derrière
une détresse sociale réelle, il sait se soustraire à mes demandes
répétées. Au point de disparaître quasi totalement de notre territoire
commun. Me faire croire que tout est suspendu à sa découverte, caché
qu'il serait sur la branche de son arbre.
Le
problème devient vite le suivant : si la partie dure trop, c'est moi
qui se déséquilibre ! Maki disparu ? Nul doute que l'acte soit
volontaire ! Si son regard ne se pose plus sur ma personne... peut-être
n'existè-je plus ? Enfoui, englouti, avalé par le néant d'un jeu
d'enfants.