Des
épaules un peu plus lourdes. Le sentier craquette sous nos semelles.
Petite souris. Au travers des frondaisons, une pleine lune perturbe le
calme de la nuit. Ce soir, jeu. Lui, le chat. Nous nous suivons à bonne
distance, moi devant. La lune lui arrondit-elle son visage ou est-ce le
temps ? Quel âge peut-il bien avoir atteint ? La fraiche chaleur de
cette première nuit de juillet me nimbe d'un silence tumultueux.
Ces
questions – telles des feuilles virevoltantes – me griffent : m'a-t-il
reconnu ? A son souvenir, des images de moi se sont-elles rappelées ?
Peut-être de mon dos – noueux alors – lorsqu'il me tordait les épaules
sous son plaisir ? De mon cou duveteux où ses dents laissaient une
marque chaque fois ? 25 ans, un trop long chemin pour de si jeunes
souvenirs ?
Il
passe devant moi cette fois. Ne s'arrête pas. Pourtant il m'a suivi. La
nuit le rend soudain agaçant. Qu'ai-je à faire de ce fantôme-là,
ressurgi de l'autre bout du pays ? Revient-il pour l'enterrement d'un
proche ? Régler quelques papiers d'une succession ? Le jeu me semble
futile. Qu'a-t-il à faire de moi pour ce soir ? Sa vie est ailleurs. La
mienne, nulle part. Pas avec lui quoiqu'il en soit. Je redescends la
pente sèche vers le parking. Ma portière claque amèrement. Expression
idiote d'une colère indicible : mes pneus crissent.
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