vendredi 6 juillet 2012

01 – Inimportances

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N'attendre rien des coins de rues. Vivre d'une bouffée l'autre. Les phalanges jaunies. Se ficher de tout puisque d'avoir compris l'inimportance du monde. Ne porter que sur soi les choses de la vie. De toute une vie. La pressentir fulgurante. Cesser de guetter les passants. Attendre qu'ils s'arrêtent à soi, curieux, demandeurs. Clients, fort encore de ce pouvoir de jeunesse. Néanmoins étonné d'avoir hérité de cette mortelle séduction. Cette terrasse de café me déprime, en dépit du soleil.
 Le cran remplace la raison. Vivre une sempiternelle adolescence. Pas de choix. L'instinct dicte. L'envie prime. Ainsi vivait Bruno, enfant terrible des années 80. Comme cela. Ses charmes charmaient le monde. Le monde s'enchantait sous son regard noir. Le monde s'aveuglait de ce feu d'artifice.
1999 : Bruno, sur ce trottoir, s'écroule à quelques pas de cette terrasse. Le vent se lève. Des papiers gras, quelques feuilles mortes encore, des mots de crainte virevoltent au milieu de l'inimportance de ce monde. Seul là, Bruno me manque désormais.
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