N'attendre
rien des coins de rues. Vivre d'une bouffée l'autre. Les phalanges
jaunies. Se ficher de tout puisque d'avoir compris l'inimportance du
monde. Ne porter que sur soi les choses de la vie. De toute une vie. La
pressentir fulgurante. Cesser de guetter les passants. Attendre qu'ils
s'arrêtent à soi, curieux, demandeurs. Clients, fort encore de ce
pouvoir de jeunesse. Néanmoins étonné d'avoir hérité de cette mortelle
séduction. Cette terrasse de café me déprime, en dépit du soleil.
Le cran remplace la raison. Vivre
une sempiternelle adolescence. Pas de choix. L'instinct dicte. L'envie
prime. Ainsi vivait Bruno, enfant terrible des années 80. Comme cela.
Ses charmes charmaient le monde. Le monde s'enchantait sous son regard
noir. Le monde s'aveuglait de ce feu d'artifice.
1999 :
Bruno, sur ce trottoir, s'écroule à quelques pas de cette terrasse. Le
vent se lève. Des papiers gras, quelques feuilles mortes encore, des
mots de crainte virevoltent au milieu de l'inimportance de ce monde.
Seul là, Bruno me manque désormais.
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