Et le monde est empli de
sourds et de muets, non ? Ou je me trompe ? Petit déjà, les jeux avec
les camarades étaient sur ce mode-là : des indiens, des cow-boys ou des
gangsters , des policiers ou des gentils, des méchants. D'ailleurs, je
jouais très rarement à ces jeux. Je n'y étais jamais à l'aise et les
affirmais idiots.
De
loin, je préférais jouer seul. Au corsaire, dans ma chambre. Mon lit
était un vaisseau que je défendais des Espagnols. Trop nombreux, ils me
faisaient prisonnier. Me déshabillaient. M'attachaient nu au mat. Me
fouettaient jusqu'à ce que j'avoue je-ne-sais-quel secret. De fait, nu
sur mon lit, les bras collés au mur, je criais mes douleurs d'endurer un
tel supplice. Mais je me taisais !
Freud
disait que les enfants étaient pervers (entendez un sens
psychanalytique à ce mot, merci). C'est qu'ils ont besoin d'adapter le
monde à leurs dimensions. Non l'inverse. Dans mon supplice du mat, un
frère venait me libérer et nous finissions l'histoire rien qu'à deux,
loin de toutes ces méchancetés. Nus et pauvres mais heureux et riches de
nos vies.
Ce frère m'a toujours manqué.
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