jeudi 27 septembre 2012

37 – Entre chien et loup

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Les ciels opaques de septembre moutonnent l'horizon. Ça et là, des puits de lumière trouent les nuages. De la route, à travers le pare-brise, ces piliers jaunis semblent soutenir ces balles de coton sale mais lui rendent un certain espoir. De même, ma mémoire s'obscurcit en cette fin d'après-midi, ouverte ça et là de vagues souvenirs.

Attendre. Ne plus pleurer. Me calmer. Jouer. Patienter en jouant. Comment tromper la langueur de cette attente ? Les adultes mentent seulement si l'enfant s'en aperçoit. Sans cet instant vigilant, le monde aurait dû rester enfantin, pur, parfait, idéal.

Quand reviendront-ils ? Bientôt, affirme-t-elle. Ne pleure plus. Calme-toi. Ma grand-mère sait que le mensonge sera vain. Alors elle me prend dans ses maigres bras, me porte, me berce avec d'autres mots. Ma lourde tête caresse son épaule. La pièce principale de la maison glisse dans une lente rapidité du clair à une obscure nuit d'angoisses.
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