A peine sorti de l'avion, Farid atterrit dans mon lit. Six longs mois d'une séparation
marocaine dans sa famille lui ont bruni la peau. Chaude, elle contraste
avec le blanc du givre du dehors, des draps de dedans. De ma peau
aussi. Farid évite mes lèvres alors ses joues
effleurent les miennes, son front se coule dans mon cou. Ses mains
habillent mon corps. Bientôt il mordillera la peau de mes omoplates, son
sexe au travail en moi.
Après
un premier assaut victorieux, un répit réparateur d'une demi-heure.
Nous discutons enfin. Il me raconte ces six mois de chasteté, privé de
tout, aux fantasmes cruels. Lui ai-je manqué ? M'aime-t-il ? Farid évite
aussi les réponses. Alors j'ose : à moi – oui – il m'a manqué ! Moi, je
l'aime ! Et lentement, nos corps s'affrontent de nouveau. Sa réponse à
lui : son silencieux sourire blanc dans la pénombre muette de la
chambre. Une seconde et dernière bataille que je lui laisse gagner avec
plaisir. Puis la douche. Puis se rhabiller, le reconduire hélas.
Ma
main s'égare sur son genou au retour. Nul ne se parle sur ce trajet
mortifère, anéantis par trois heures de joutes amoureuses. Le paysage,
désolé, blanchit. La poignée de mains – brève, ferme, mâle – confirme
l'étrange pressentiment. L'au revoir a laissé place au total silence.
Farid ne répond plus.
Une longue séparation se dit [ jiǔ bié ] en Chinois :
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