Après
l'amour, Farid s'échoue sur mon côté. Un bras replié, la main sous sa
nuque. Son aisselle odorante forme un creux où ma tête trouve sa place.
D'ici à quelques instants, nous nous séparerons. Lui sous la douche
pendant que -- resté sur le lit -- mon corps tentera de se souvenir de
la forme de son sexe en moi.
Une
idée lui vient. Il sourit au plafond. Il me trouve peu bavard, très
solitaire. Il s'en étonne et s'en amuse. Je l'écoute. Sa voix me résonne
dans le crane. J'aime ses graves. Et la futilité de ses mots. Je
l'observe, les yeux au ras de sa peau. Il frémit subtilement. Sa peau se
granule. Il est très frileux, Farid.
Marocain, tombé ici du haut de ses 13 ans, un 1er
janvier. Il me raconte la blancheur de la neige, ses frissons
incontrôlables. La désolation qui le noie et l'idée – mentalement
formulée en Arabe (il ne parlait pas le Français alors) – que plus
jamais il n'aurait à ressentir la chaleur étouffante, si rassurante pour
lui, de Selouane.
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