Mois
de décembre 2000, un samedi. La neige sale se mélange à de la boue. En
cette fin d'après-midi – torse nu, pantalon baissé – malgré le froid
glacial, je suis à genou au pied d'un garçon à la queue affolante.
Durant ces ébats, un léger bruit tinte : lui pense à un objet tombé de
ma poche ; moi je penche pour un mateur caché. Il avait raison : revenu à
la voiture, je m'aperçois avoir perdu mon alliance ! Mes doigts sont
tellement amaigris que la bague a tout simplement glissé sans que je
m'en rende compte. Même cela ne m'a pas inquiété !
Avril
2001, je pèse 61 kilos (au lieu de 75). Mes joues se sont creusées. Des
vertiges m'assaillent tout au long de la journée. Mes pantalons
s'enlèvent sans déboutonner. Même mes chaussures sont devenues trop
larges : elles flottent. J'attrape des ampoules !
Une
mycose envahissante aux orteils, aux oreilles. La langue chargée. Un
œil qui gratte, gonflé. Un appétit d'oiseau. Je bois beaucoup, dors peu.
Une écorchure ne parvient pas à guérir. Et même, la blessure s'infecte
spectaculairement. Une première batterie d'analyses : chute libre des
globules blancs... Mon médecin pâlit : l'idée d'un potentiel cancer qui
se profile ne me pousse même pas à la panique ! A la fin de la liste qui
compose sa seconde ordonnance, il me demande s'il faut contrôler le
H.I.V. Je lui réponds calmement ne pas en voir l'utilité mais bon,
pourquoi pas tant qu'on y est... Aveugle et sourd jusqu'au bout !
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