Faites-moi
confiance : vous ne le voyez pas mais son regard mutin fixe l'objectif
dans une interrogation complice. Les lèvres pincées cachent mal un
sourire retenu. Nul doute il éclatera juste après le cliché. Avec le
photographe ? Le léger évasement, à la base des narines, lui est
naturel. Cela lui amplifie l'espièglerie du visage. La peau, encore
grêlée – elle le sera toujours désormais – se teinte d'une ombre ça et
là, de part et d'autre des lèvres. Sinon, Che-Nen est imberbe.
La
main effleure la joue dans une coquetterie rare que je lui connais
bien. Déjà adolescent, il la cultivait méticuleusement. Ses cheveux
courts, noirs de jais, accentuent les angles de ses joues lisses. Un peu
de rouge – reflets du pull-over ou lumière artificielle de la photo ? –
lui colore les bords des yeux, le lobe de l'oreille. Le teint
subtilement cuivré souligne le marron des iris. Le même regard que son
père.
Beau ?
Non. Depuis 1991, son absence physique ne provoque plus le malaise.
C'est son élégance, assurément, qui me manque. Qui, de l'autre côté, lui
a tant promis qu'il s'est ainsi livré à l'objectif ? Un inconnu pour
moi. Qui pourtant me tire des larmes de jalousie.
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