Une
forme longue, efflanquée, ombrée s'agite derrière la vitre. On devine
ses mains savonneuses sur la peau mate. Tap-tap-tap. Mon index tapote la
vitre. Son regard peine à me distinguer au travers de la buée.
Tap-tap-tap. Le son le guide. Sourire machinal : Farid – sous la douche,
tout occupé à son corps – ne pense déjà plus à moi.
Je
voudrais : écarter le rideau, lui savonner le cuir, m’attarder à son
sexe, le provoquer, m'offrir à lui. Pourtant je reste au lavabo,
concentré à ma toilette. Plus que de la buée l'empêche de me voir. Plus
qu'une paroi vitrée nous sépare.
La
distance s'aggrave. Avec le temps. Avec ses paroles. Cruels, les mots
de Farid rivalisent avec ses étreintes. Se contenter de l'instant. Ses
caresses me suffiraient si ses mots ne déchiquetaient mes bonheurs. Au
nom de quoi bannir tout espoir : son mariage ? Sa religion ? Sa honte ?
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