mercredi 12 décembre 2012

08 - Lointains

p297Une forme longue, efflanquée, ombrée s'agite derrière la vitre. On devine ses mains savonneuses sur la peau mate. Tap-tap-tap. Mon index tapote la vitre. Son regard peine à me distinguer au travers de la buée. Tap-tap-tap. Le son le guide. Sourire machinal : Farid – sous la douche, tout occupé à son corps – ne pense déjà plus à moi.

Je voudrais : écarter le rideau, lui savonner le cuir, m’attarder à son sexe, le provoquer, m'offrir à lui. Pourtant je reste au lavabo, concentré à ma toilette. Plus que de la buée l'empêche de me voir. Plus qu'une paroi vitrée p298nous sépare.






La distance s'aggrave. Avec le temps. Avec ses paroles. Cruels, les mots de Farid rivalisent avec ses étreintes. Se contenter de l'instant. Ses caresses me suffiraient si ses mots ne déchiquetaient mes bonheurs. Au nom de quoi bannir tout espoir : son mariage ? Sa religion ? Sa honte ?
p299

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