1969 à Tōkyō. Mishima pose sous les lumières de Tamotsu Yatō qui lui sculptent un corps noueux, éternel, sexuel. Âgé d'à peine 8
ans, déjà je sais. Etrange sensation découverte bien plus tard –
lorsque l'adulte découvrira ces clichés d'un autre âge, déjà révolu,
rêvé, idéalisé puisqu'il représentera l'Enfance.
Il
pose pour moi. Forcément. Mishima ne fixe pas l'objectif : il me
regarde. Fascinant, le fundoshi l'érotise. Alors Mowgly devient un divin
compagnon de jeux, vite insuffisant. Le corps ainsi dépouillé, exhale
de profondes senteurs prometteuses. DéDiorisé, déChannelisé, désArmanisé, le corps soudain redevient animal. Tatoué, il saigne sa sauvagerie bannie des villes.
Etre
enfin, être. Soi. Se sentir. Se sentir soi. Frôler. Une peau nue,
odorante de ses sueurs. Avec l'âge, le fundoshi est devenu un refus. Le
veto à toutes ces bêtises bétonnées. Le rappel de ces profondeurs
enfouies en nous-mêmes. Encore plus tard, Maki rencontré, le même
morceau de tissu cotoneux me reviendra en mémoire.
1 commentaire:
Beau texte noueux et goûteux.
Enregistrer un commentaire