Cette
petite bonne femme toute ridée m'est inconnue. Elle geint ses
tracasseries, pleure sa solitude, soupçonne un complot. Gary avait tort.
Pas une seule larme versée sur ce petit tas de misères qui s'épanche au
téléphone ? Jamais je ne reviendrai gueuler sur la tombe de ma mère.
Cette
petite bonne femme toute ridée ne peut pas être ma mère. Impossible.
Impossible car mon amour décore. Mon amour des corps peint, dépeint,
repeint l'Autre. Ainsi revêtu – laideur, infamie et ignominie
l'abandonnent. Splendide, sublime, merveilleuse : voilà ma mère !
Mes
yeux de 52 ans perçoivent-ils mieux la vérité ? Ou sont-ce ses 88 ans
qui déforme cette réalité ? Ce ramassis un peu sale insulte mes
souvenirs. Sans doute m'aime-t-elle néanmoins. Mais qui saura me rendre
cette mère qui ne fut jamais vraiment une maman ?
2 commentaires:
Ton amour inassouvi décore et ton ressassement te dévore. Accorde-toi un peu de paix!
Le ressassement me libère comme les eaux d'un barrage relâchées, éviter le trop-plein. Cet amour-là -- inassouvi, tu as raison -- me sert néanmoins de moteur, m'éviter de rester scotcher sur place par le mogwaï.
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