lundi 31 décembre 2012
dimanche 30 décembre 2012
41 - Périple
Jeu
d'enfant. Pas enfantin. Mais simple. Un pari. Partir d'un point vers un
autre. Ne pas se faire voir. Invisible, silencieux, en harmonie avec la
forêt. La nudité en devient accessoire. Accessoire mais nécessaire. Car
s'éloigner du petit tas de vêtements c'est abandonner volontairement la
sécurité.
Ces
trajets tragiques de temps à autre nécessaires exigent un total abandon
des conventions. Aucun témoin. Nul honte. L'enfant enfoui en soi
devient parfois impétueux. Cette expression du corps dépouillé de ses oripeaux rend au corps sa vérité, sa liberté, son originalité.
lundi 24 décembre 2012
35 - Les boules !
Déjà
que l'orgie de rouge et de blanc confine à l’écœurement. Pas de
guérison en vue pour la légendaire cécité occidentale durant la trêve
des confiseurs : les vitrines chics justifient les hypermarchés de la
mal-bouffe, l'orgie des cadeaux camouflent mal les files d'attente
devant les Restos du cœur.


Aussi, pour combler ces vides, ici, un combat. Et un seul vœu pour 2013 :
12 - xǐ (禧)
Depuis
quelques jours, l'horreur colonisait chaque instant. Ses silences,
d'entières journées sourdes résonnaient à mes tympans. Acouphènes
intolérables. Cauchemars, nuits écourtées, rêves amers...
Trop
c'est trop, disent-ils ? Quelqu'Un a dû penser cela aussi. Ou est-ce
mes prières secrètes marmonnées lorsque la douleur se faisait trop forte ?
Ce matin, Maki prévient : pas question de passer Noël loin l'un de
l'autre ! Il vient, donc.
Le bonheur peut se dire [xǐ] en Chinois :
vendredi 21 décembre 2012
mercredi 19 décembre 2012
lundi 17 décembre 2012
10 - Anniversaire

Cette
petite bonne femme toute ridée ne peut pas être ma mère. Impossible.
Impossible car mon amour décore. Mon amour des corps peint, dépeint,
repeint l'Autre. Ainsi revêtu – laideur, infamie et ignominie
l'abandonnent. Splendide, sublime, merveilleuse : voilà ma mère !
Mes
yeux de 52 ans perçoivent-ils mieux la vérité ? Ou sont-ce ses 88 ans
qui déforme cette réalité ? Ce ramassis un peu sale insulte mes
souvenirs. Sans doute m'aime-t-elle néanmoins. Mais qui saura me rendre
cette mère qui ne fut jamais vraiment une maman ?
dimanche 16 décembre 2012
09 - Tirailleur tiraillé


« Pourquoi
soutenir Israël ?, s'insurgeait Yopé, et ne me dis pas que c'est à
cause de l'holocauste ? » Ben si, justement ! Instinctivement, je ne
peux que répondre « si ». Parfois, devant un auditoire, ma voix se
fracasse à l'évocation de tel ou tel génocide. Puis se ré-arme –
chevrotante, d'une colère volcanique – à la rage de combattre les Loups.
Mes combats sont des émotions.
jeudi 13 décembre 2012
34 - Assassins
Qui
a osé pousser ce soupir ? Eté 1982, Mitterand tient sa promesse : les
pédés ne seront plus condamnés. Dépénalisée, l'homosexualité
s'affranchit de la loi des Hommes. Plus jamais les cadavres ne
s'exposeront aux gémonies. Du haut de mes 22 ans, je sens bien qu'une
vie ne suffira pas à gravir tous ces escaliers : tant des liens
entravent mes poignets !
Qui
a osé pousser ce soupir ? Eté 2013, Hollande se décide enfin à
autoriser le mariage pour tous. Légalisée, la famille – devenue
protéiforme – offre enfin un écrin pour chacun. Y adhérer ou pas est un
autre débat. Mais déjà la rue se noircit d'antivégistes, d'évangélistes,
d'intégristes. Du haut de mes 52 ans, je vois bien qu'une vie n'a pas
suffi à combattre ces hystériques ( -istes hérétiques ? )

mercredi 12 décembre 2012
08 - Lointains

Je
voudrais : écarter le rideau, lui savonner le cuir, m’attarder à son
sexe, le provoquer, m'offrir à lui. Pourtant je reste au lavabo,
concentré à ma toilette. Plus que de la buée l'empêche de me voir. Plus
qu'une paroi vitrée
nous sépare.

La
distance s'aggrave. Avec le temps. Avec ses paroles. Cruels, les mots
de Farid rivalisent avec ses étreintes. Se contenter de l'instant. Ses
caresses me suffiraient si ses mots ne déchiquetaient mes bonheurs. Au
nom de quoi bannir tout espoir : son mariage ? Sa religion ? Sa honte ?
lundi 10 décembre 2012
07 - Icare
Julien
m'avait répondu au questionnaire de Proust par ces mots : « Pour ta
réponse 3, si tu as un peu de temps, assieds-toi, je t'explique ». La
réponse 3 ironisait sur l'existence des femmes. Personne ne pourra lui
nier son esprit d'à-propos. Le Julien, là, il possède une sorte de
perfection.
Ecrire
sur lui s'entend donc comme une tentative de distanciation : s'en
éloigner, s'en détacher, s'en séparer. M'éviter absolument de prendre
des coups, de sombrer dans une idiote admiration béate. Tels des soleils
redoutables, ces sortes d'hommes-là me blessent. Trop de perfection
m'insole.
Quoi
de plus ont-ils ? Des regards posés sur eux qu'ils aimantent. Des
amants qui les regardent, hypnotisés par cette parfaite insolence qui
fait leur carapace. Ces hommes-là irradient. S'approcher d'eux, dans
l'espoir d'échapper au labyrinthe du quotidien, tient de la folie.
jeudi 6 décembre 2012
06 - Trompe-Warhol : un Primate sans Cravate (partie 3/3)
Le
08 septembre 2012, surprise : il vient de perdre ! D'ordinaire, ce
genre d'émission m'émeut d'autant moins que le candidat éjecté l'est
avec un joli pactole. Mais celui-ci n'est pas les autres. D'abord, il
est noir de peau, une rareté à la télé française, encore très gaullienne
malgré tout. Ensuite, il a une petite gueule bien sympathique (d'autant
qu'il ressemble sérieusement à Maki). Mais surtout, enfin, pointe sous
le discours inhérent au genre une intelligence. Nagui a le temps de
citer le blog du malheureux Julien (cliquez sur l'image pour vous rendre sur son blog) :
Goguenard,
s'y précipiter dans l'espoir de résoudre ma contradiction. D'emblée,
une plaisante claque : ni nombril ni miroirs obscènes. Quelques pages
noircies de compliments attendus mais surtout une ribambelle de billets
captivants, de points de vue alléchants, d'idées intelligentes.
Le
Julien déjoue les codes et les attendus. On cherche Andy Warhol ? On
trouve Lou Reed ! Sa Factory à lui : son cerveau. Son intelligence, son
œil aiguisé, ses mots : des lunettes qui nous permettent d'admirer un
monde que l'on croyait sale de conneries. Rien que pour cette
intelligente thérapie, merci Monsieur Julien.
mercredi 5 décembre 2012
05 - Trompe-Warhol : de 17 à 31 (partie 2/3)
Le
blog en question se prête à ce style de réponses décalées. Ce
questionnaire de Proust n'a été qu'une occasion supplémentaire de diluer
du vrai dans du faux.
17 - Mes héroïnes favorites dans la fiction.
Les mêmes que dans la réalité : aucune.
18 - Mes compositeurs préférés.
Jay-Z.
19 - Mes peintres favoris.
Bourvil dans La Grande Vadrouille.
20 - Mes héros dans la vie réelle.
Mon papa (qui me manque beaucoup). Mes amis qui le remplacent vainement.
21 - Mes héroïnes dans l’histoire.
No drugs.
22 - Mes noms favoris.
Oui. Oui. Et oui.
23 - Ce que je déteste par-dessus tout.
Tout ce qui est en dessous de tout.
24 - Personnages historiques que je méprise le plus.
Celui qui anéantira l’Humanité.
25 - Le fait militaire que j’admire le plus.
La poursuite de la première proie du premier hominidé : enfin il marche comme un Homme !
26 - La réforme que j’estime le plus.
La mienne, en juillet 82, à la caserne de Valenciennes ! Exempté !
27 - Le don de la nature que je voudrais avoir.
Aucun, je les ai déjà tous.
28 - Comment j’aimerais mourir.
Comme mon père : jamais.
29 - État présent de mon esprit.
Proche de l’Ohio ?
30 - Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.
Toutes celles des autres tant que ce ne sont pas les miennes.
31 - Ma devise.
Le yen.
Les mêmes que dans la réalité : aucune.
18 - Mes compositeurs préférés.
Jay-Z.
19 - Mes peintres favoris.
Bourvil dans La Grande Vadrouille.
20 - Mes héros dans la vie réelle.
Mon papa (qui me manque beaucoup). Mes amis qui le remplacent vainement.
21 - Mes héroïnes dans l’histoire.
No drugs.
22 - Mes noms favoris.
Oui. Oui. Et oui.
23 - Ce que je déteste par-dessus tout.
Tout ce qui est en dessous de tout.
24 - Personnages historiques que je méprise le plus.
Celui qui anéantira l’Humanité.
25 - Le fait militaire que j’admire le plus.
La poursuite de la première proie du premier hominidé : enfin il marche comme un Homme !
26 - La réforme que j’estime le plus.
La mienne, en juillet 82, à la caserne de Valenciennes ! Exempté !
27 - Le don de la nature que je voudrais avoir.
Aucun, je les ai déjà tous.
28 - Comment j’aimerais mourir.
Comme mon père : jamais.
29 - État présent de mon esprit.
Proche de l’Ohio ?
30 - Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.
Toutes celles des autres tant que ce ne sont pas les miennes.
31 - Ma devise.
Le yen.
Mais pourquoi lui ? Pourquoi avoir été aimanté par ce personnage ? Pourquoi tant de contorsions sémantiques face à un inconnu
célèbre ? Pourquoi me livrer ainsi, me déshabiller autant face un
célèbre inconnu ? Que signifie donc cette infernale escalade ?
lundi 3 décembre 2012
04 - Trompe-Warhol : de 1 à 16 (partie 1/3)

1- Le principal trait de mon caractère.
Mon caractère n’a pas de stries.
2 - La qualité que je préfère chez un homme.
Mon reflet dans son regard.
3 - La qualité que je préfère chez une femme.
C’est quoi une femme ?
4 - Ce que j’apprécie le plus chez mes amis.
Je dois vraiment parler de ça ici ?
5 - Mon principal défaut.
Le premier d’une longue liste.
6 - Mon occupation préférée.
Maman m’interdit d’en parler en public.
7 - Mon rêve de bonheur.
Sortir du malheur.
8 - Quel serait mon plus grand malheur ?
Sortir du bonheur.
9 - Ce que je voudrais être.
Mes amis.
10 - Le pays où je désirerais vivre.
Ishigaki sur l’île éponyme, au sud du Japon. C’est pas trop loin de l’amour de ma vie.
11 - La couleur que je préfère.
Bleu.
12 - La fleur que j’aime.
Celle que j’ai perdue à 11 ans.
13 - L’oiseau que je préfère.
Le petit qui sort mais pas de l’appareil photo.
14 - Mes auteurs favoris en prose.
Jean Genet et Edmund White.
15 - Mes poètes préférés.
Rimbaud et René Char.
16 - Mes héros dans la fiction.
Les mêmes que ceux dans la réalité : mon défunt père, mes amis.
Mon caractère n’a pas de stries.
2 - La qualité que je préfère chez un homme.
Mon reflet dans son regard.
3 - La qualité que je préfère chez une femme.
C’est quoi une femme ?
4 - Ce que j’apprécie le plus chez mes amis.
Je dois vraiment parler de ça ici ?
5 - Mon principal défaut.
Le premier d’une longue liste.
6 - Mon occupation préférée.
Maman m’interdit d’en parler en public.
7 - Mon rêve de bonheur.
Sortir du malheur.
8 - Quel serait mon plus grand malheur ?
Sortir du bonheur.
9 - Ce que je voudrais être.
Mes amis.
10 - Le pays où je désirerais vivre.
Ishigaki sur l’île éponyme, au sud du Japon. C’est pas trop loin de l’amour de ma vie.
11 - La couleur que je préfère.
Bleu.
12 - La fleur que j’aime.
Celle que j’ai perdue à 11 ans.
13 - L’oiseau que je préfère.
Le petit qui sort mais pas de l’appareil photo.
14 - Mes auteurs favoris en prose.
Jean Genet et Edmund White.
15 - Mes poètes préférés.
Rimbaud et René Char.
16 - Mes héros dans la fiction.
Les mêmes que ceux dans la réalité : mon défunt père, mes amis.
Toujours j'ai considéré qu'il me fallait jouer d'un certain déséquilibre pour parvenir à un juste aplomb.
dimanche 2 décembre 2012
40 - 褌 (partie 2)
1969 à Tōkyō. Mishima pose sous les lumières de Tamotsu Yatō qui lui sculptent un corps noueux, éternel, sexuel. Âgé d'à peine 8
ans, déjà je sais. Etrange sensation découverte bien plus tard –
lorsque l'adulte découvrira ces clichés d'un autre âge, déjà révolu,
rêvé, idéalisé puisqu'il représentera l'Enfance.
Il
pose pour moi. Forcément. Mishima ne fixe pas l'objectif : il me
regarde. Fascinant, le fundoshi l'érotise. Alors Mowgly devient un divin
compagnon de jeux, vite insuffisant. Le corps ainsi dépouillé, exhale
de profondes senteurs prometteuses. DéDiorisé, déChannelisé, désArmanisé, le corps soudain redevient animal. Tatoué, il saigne sa sauvagerie bannie des villes.
Etre
enfin, être. Soi. Se sentir. Se sentir soi. Frôler. Une peau nue,
odorante de ses sueurs. Avec l'âge, le fundoshi est devenu un refus. Le
veto à toutes ces bêtises bétonnées. Le rappel de ces profondeurs
enfouies en nous-mêmes. Encore plus tard, Maki rencontré, le même
morceau de tissu cotoneux me reviendra en mémoire.
mercredi 28 novembre 2012
33 - 110
Si vous lui dites,
Il vous en sera reconnaissant.
Donc il fera de même
Avec son prochain partenaire.
Protégez ! Vous. Lui. Elle. Eux. Protégez-vous ! Protégez-le ! Protégez-la ! Protégez-les !
Donnez ! A vous. A lui. A elle. A eux. Faites-lui un don ! Faites-leur un don !
Prévenez ! Lui. Elle. Eux. Prévenez-le ! Prévenez-la ! Prévenez-les !
Appelez le 110
dimanche 25 novembre 2012
39 – 褌 (partie 1)
Un
linge de coton blanc. Sauvage, bestial. Enfant, un simple jeu. Le drapé
sculptait le corps fragile, le transformait en César Impérial. Plus
tard, le jeu se modifie en défis. Adolescent, dans ce même linge, le
corps transformé enveloppe ses lourds attributs.
Une
peau halée, des cuisses dénudées. L'érotisation de ce bout de tissu
remonte trop loin dans ma mémoire pour en connaître l'exacte origine.
Les écrans de ma jeunesse me renvoient ces fortes émotions : Jason Scott Lee, lové sur une branche répondra à Mowgly, en pagne rouge. Christopher Atkins dans Le Lagon Bleu me détournera de la pourtant belle Brooke Shields.
vendredi 23 novembre 2012
60 - Long way home
Sur l'écran plat du salon, en 2012, défile un concert de 1979. Remparts de Maubeuge, janvier 91, transi par le froid et l'attente de Che-Nen. Ce groupe nous cimente. Le stade de Lorient où le groupe se fait un peu attendre, écrasé sous la chaleur de cet été 82.
Impressionnant. Ma mémoire éclate en mille morceaux. Les mots – tel un galet habillement jeté – ricoche dans ma mémoire. L'écran se brouille. Les tympans, aux aguets. Les narines brûlées par l'air trop frais. Les pieds dans la neige. Espérer Che-Nen, une perpétuelle torture.
Le piano de Take a long way home. Che-Nen vient de repartir chez lui. Dans la neige – seules certitudes de sa présence ? – la trace de ses semelles. Un vide cruel me gagne peu à peu, qui chasse les images. Les mêmes larmes qu'aujourd'hui. Le ricochet de cette chanson trace un étrange trajet. Pas les images ! Les sensations refont surface, absurde mélange amer.
samedi 17 novembre 2012
11 - bǎi wú liáo lài (百无聊赖)
Un
glas, au loin. Le brouillard colore un peu mon âme, qui plombe
lentement cette fin d'après-midi. Le train quitte la gare de Maubeuge,
Maki dedans. Maudits horaires respectés, empêché de le retenir, de le
serrer une dernière fois sur mon cœur. Nos lèvres trop tôt désunies,
encore engourdies de notre passion.
Semaine
après semaine, le temps – d'une lenteur exaspérante – nous écartèlera
encore et encore et encore, ignoble torture d'un autre âge. Revenir dans
l'appartement, au chaud, mais à quoi bon ? Toutes les pièces y sont
vides. Comme moi. Vestibule, cuisine, salle-à-manger, salle de bain –
vides. Et tout à l'heure, le lit !
Semaine
après semaine, il faudra bien ré-apprendre à placer un pied devant
l'autre, un mot après l'autre, une idée entrainant une autre... Combler
le vide béant que nos regards laisseront dangereusement entrevoir de
nous.
Se sentir vide peut se dire [ bǎi wú liáo lài ] en Chinois :
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