Le rien. Le néant. Le
vide. Comme tari. Eteint. Silencieux. Pas un mot. Allongé, inerte, nu, sur le
sol. Les yeux clos, s'ils le veulent, que m'importe ce qu'ils veulent ! Une
imperceptible ondulation me secoue l'échine. Une émotion se précipite, enfouie
de loin, qui me vient du fond d'un passé jusque là bien canalisé pour m'éviter
une fin certaine et attendue. Elle monte, lame de fond, balaie tout sur son
passage. Tordu d'une douleur sans nom. Tsunami d'images, de sons aussi, mêlés.
Parfois, à peine, une sensation. Evocation impossible.
A quoi servent-ils,
ces mots ? Pourquoi les chercher ? Les convoquer ? Les placer,
les tresser, les préciser ? A quoi bon la parole puisqu'elle ne meuble pas
le rien. Puisqu'elle n'abolit le néant ni ne comble le vide. Seuls, trois
syntagmes – incohérents à force de répétitions – décousent chaque
instant : Che-Nen est mort. Colère. Contre ces mots devenus
inutiles, stériles, infertiles.
Vaine logique. Les
mots... Ne servent plus. Ne désignent plus. N'expriment plus. Il faut pourtant
remonter, non ? Le geste alors ! Et quoi ? Les mains et le front
ensanglantés – mon genou droit aussi – ne suffisent pas à engourdir cette
douleur-là. Même le cri sourd silencieusement.
Vaincu, terrassé par
cette colère bestiale. Effondré sur une chaise, la fenêtre aveugle. Les doigts
enchevêtrés pour des sages mains. Les chevilles emmêlées pour des jambes au
repos. Et tel Prométhée, cette mort ignominieuse me dévore.
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