mercredi 13 mars 2013

71 - 重温旧梦

Peu à peu, mes nuits se métamorphosent en champs de batailles. Au-delà de mes paupières pourtant apaisées, d'antiques monstres se massacrent pour les plaines de ma mémoire. Ici, un père punit son fils – tous deux ont les traits de Che-Nen, l'un jeune, l'autre pas. Un fils resté inerte, pétrifié par tant de sauvagerie déployée. Là, un amant – cher à mon cœur – massacre cruellement le visage d'un autre, et rit en se tournant vers moi qui l'admire. Plusieurs, aux masques de cire blanche, profitent de leur anonymat pour torturer Che-Nen. Néanmoins identifiés – untel, à la noirceur de sa tignasse...ou lui, à cette cicatrice pubienne...ou cet autre encore, à son sourire carnassier – leur ignominieuse besogne se poursuit, assurés qu'ils sont de leur impunité.


De quel droit ces souvenirs déferlent-ils ainsi, en hordes barbares ? De quelle loi pensent-ils être les défenseurs pour hurler ainsi ces haines sauvages ? Quelles jalousies les poussent à salir la mémoire de Che-Nen ? Au milieu de la nuit, en sueur, je les chasse, haletant. Ils se calment mais restent là ! J'ai les yeux bien ouverts pourtant ! Ils profitent de l'encre de la chambre et ourdissent quelques nouveaux plans en catimini.
La dépouille de ce pauvre Che-Nen, à mes pieds – humiliée, disloquée, sans âge – gît. De plomb, ses traits semblent sereins. A lui aussi, on a cousu les paupières. Ses lèvres exsangues suggèrent un triste sourire. Les miennes – au contact des siennes – ne lui redonnent pas vie. Une rage à mon cœur me crie vengeance de nos pères et nos amants. Un geste vers eux...et Che-Nen déjà s'éloigne.

La lumière ni la voix rassurante de mon amant n'assèchent mes larmes. La nuit, roche tarpéienne, se délite définitivement avec l'eau fraiche qu'il me fait boire.


S'abandonner à rêver du passé peut se dire [chóng wēn jiù mèng] :

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