dimanche 17 mars 2013

73 - 返航

La tête de Che-Nen à l'embrasure, l'air mutin. A peine entré, vautré sur le canapé du salon. Nu. Son corps tressaille, les deux mains au visage. Il rit. Comme je me penche, de ses yeux noirs perlent des larmes silencieuses. Les capter d'une lèvre avant qu'elles n'expriment totalement leur tristesse. Trop tard, son corps déjà froid me glace.


L'eau brûlante de cette douche saurait-elle, pourrait-elle, devrait-elle anesthésier ma douleur, éloigner de ma mémoire le danger ? Pourquoi ce corps dans mon salon ainsi offert tandis que son cadavre gît à Ishigaki-jima ! Soudain, une ombre s'étale sur mon visage. Che-Nen se penche sur moi. Me parle-t-il ? Ses lèvres silencieuses miment des mots. Du Chinois, me semble-t-il mais je ne parviens pas à l'interpréter, les tons manquent. Ce visage vide, sans sons, sans éclats, décoloré -- m'effraie. Mais pourquoi ce rire soudain, surprenant qui n'éclaire rien.



La main de l'hôtesse secoue mon épaule avec tact. Le vol AF291 – attrapé à Kensai International, Osaka à 12:16 hier– entame son approche sur Paris. Assoupi au creux du siège, indifférent aux autres, je sors de mon cauchemar. Paris est vraiment laid sous la pluie. Ou je n'ai pas envie de voir la beauté des choses. Après la douche – une vraie cette fois – , le rêve me revient et m'effondre au lavabo... Lui aussi aurait apprécié ce voyage de retour. Aux origines. Vers les siens.







Faire le voyage de retour, regagner le port peut se dire [fǎn háng], en Chinois : 


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