Décembre
2007 : A quelques mois de notre rencontre, et contrairement à mes
habitudes, je décide de ne pas passer les fêtes de Noël en famille : je
veux me consacrer à Maki, lequel est devenu ma tour de Pharos. Sans sa
lumineuse présence, les ténèbres m'engouffrent. De son côté, Fa a décidé
de me changer de trithérapie.
C'est
la troisième fois que je change de traitement depuis 2001. L'un était
adapté à la maladie opportuniste que j'avais développée en réaction au
premier traitement. Le second changement est intervenu car je
développais une tendance maladive à la morosité. Ce troisième-là devait
logiquement me booster les Cd4 qui stagnaient fâcheusement à 350 copies.
Jusque là, le premier mois de tous les nouveaux traitements étaient
géniaux (faut bien trouver un côté positif au désespoir) : des
modifications chimiques dans le cerveau, dues aux molécules nouvelles,
me faisaient bander « H.24 ». L'effet s'estompait au bout d'une
vingtaine de jours. Jusque là encore, ce priapisme momentané ne me
servait à rien vu que je n'osais plus aborder qui que ce soit. Ici
encore, même phénomène accompagné d'une certaine difficulté à trouver ma
respiration.

Maki
m'attend avec impatience. On se connait tout de même depuis peu à
l'époque mais assez pour apprécier nos retrouvailles. Le réveillon
s'annonce le plus beau de toute ma vie : la veille, je passe les
commandes chez le boucher, le boulanger, l'épicier. Je rentre le bois
pour la cheminée. Et les premiers signes apparaissent : au début, je
mets ça sur le compte du froid, le fait de manquer d'air. Et puis très
vite dans la journée du 23, en plus de chercher ma respiration quasi
volontairement, j'ai la tête qui tourne, l'estomac se révolte et la
fièvre me gagne.
Panique
à bord ! Je suis entrain de me voir mourir sous l’œil soupçonneux de
Maki : lui, il croit que j'ai décidé de le laisser tomber ! Gentil,
aimable plutôt, il me bordera et me veillera dans la nuit du 23.
Arrivé
le 22 en fin d'après-midi, je décide de repartir en urgence le 24 au
matin. Je trouve la force de rassembler mes bagages, de reconduire Maki
chez lui et de refaire les 800 km en sens inverse. Le jour de Noël ,
j'étais dans une chambre d'observation de l'hôpital Dron. Seul, isolé,
abandonné, convaincu d'une mort inéluctable pour la seconde fois en
moins de dix ans. Maki, de son côté, m'a déjà enterré.
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