dimanche 15 mai 2011

08 - Paniques

Décembre 2007 : A quelques mois de notre rencontre, et contrairement à mes habitudes, je décide de ne pas passer les fêtes de Noël en famille : je veux me consacrer à Maki, lequel est devenu ma tour de Pharos. Sans sa lumineuse présence, les ténèbres m'engouffrent. De son côté, Fa a décidé de me changer de trithérapie.

C'est la troisième fois que je change de traitement depuis 2001. L'un était adapté à la maladie opportuniste que j'avais développée en réaction au premier traitement. Le second changement est intervenu car je développais une tendance maladive à la morosité. Ce troisième-là devait logiquement me booster les Cd4 qui stagnaient fâcheusement à 350 copies. Jusque là, le premier mois de tous les nouveaux traitements étaient géniaux (faut bien trouver un côté positif au désespoir) : des modifications chimiques dans le cerveau, dues aux molécules nouvelles, me faisaient bander « H.24 ». L'effet s'estompait au bout d'une vingtaine de jours. Jusque là encore, ce priapisme momentané ne me servait à rien vu que je n'osais plus aborder qui que ce soit. Ici encore, même phénomène accompagné d'une certaine difficulté à trouver ma respiration.

Je pars, je cours, je vole dans le froid et l'hiver rejoindre mon amoureux et ce, malgré le léger problème que j'éprouve à respirer. Il faut dire que je fume beaucoup, que le froid de cet hiver-là est particulièrement vigoureux. Avant d'entreprendre le voyage, j'avais tout de même téléphoné à Fa, un peu inquiet. Une infirmière m'a assuré que ça faisait toujours ça au début du traitement.
Maki m'attend avec impatience. On se connait tout de même depuis peu à l'époque mais assez pour apprécier nos retrouvailles. Le réveillon s'annonce le plus beau de toute ma vie : la veille, je passe les commandes chez le boucher, le boulanger, l'épicier. Je rentre le bois pour la cheminée. Et les premiers signes apparaissent : au début, je mets ça sur le compte du froid, le fait de manquer d'air. Et puis très vite dans la journée du 23, en plus de chercher ma respiration quasi volontairement, j'ai la tête qui tourne, l'estomac se révolte et la fièvre me gagne.

Panique à bord ! Je suis entrain de me voir mourir sous l’œil soupçonneux de Maki : lui, il croit que j'ai décidé de le laisser tomber ! Gentil, aimable plutôt, il me bordera et me veillera dans la nuit du 23.
Arrivé le 22 en fin d'après-midi, je décide de repartir en urgence le 24 au matin. Je trouve la force de rassembler mes bagages, de reconduire Maki chez lui et de refaire les 800 km en sens inverse. Le jour de Noël , j'étais dans une chambre d'observation de l'hôpital Dron. Seul, isolé, abandonné, convaincu d'une mort inéluctable pour la seconde fois en moins de dix ans. Maki, de son côté, m'a déjà enterré.

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