La
fin d'après-midi de printemps. On remontait, trois copains et moi, une
rue qui menait à notre quartier. On rentrait de l'école. On s'amusait
beaucoup. On riait fort. Dans cette rue en pente, une usine abandonnée
qu'une vieille tôle ondulée, percée, rouillée de toute part, entourait
pour en empêcher l'accès. Je crois me souvenir, c'est Pascal qui a
commencé le jeu : passer sa tête par une des trouées et crier très fort.
Quand
j'ai tourné mon visage vers le haut, je l'ai vue... C'était énorme,
tout poilu, tendu à l’extrême. Pas laid mais effrayant. Quand j'ai
raconté à ma maman, une fois rentré à la maison, que j'avais vu un
monsieur tout nu à l'ancienne usine, elle ne m'a pas cru. Elle ne m'a
traité de menteur, non... Juste elle m'a dit de toujours bien réfléchir
avant de dire des choses pareilles, aussi graves.
C'était
le premier homme nu que je voyais. J'avais 7 ans et demi. Longtemps je
me suis demandé si c'était cet épisode qui avait fait de moi un homo. Il
semblerait que non, au vu des analyses tenues bien plus tard, à la
faveur d'une longue et salutaire psychothérapie.
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