Leurs
dents me crèvent les tympans. L'une – une main ferme au front l'autre
sur la nuque – s'évertue à me susurrer que tout va bien. Pourtant elle
oblige ainsi ma tête à se pencher. L'autre – d'une voix nègre, penché
sur cet orifice qu'il tente de percer de son stylet effrayant – un
o.r.l. Qui s'énerve. Il a trois yeux. L'un d'eux, au milieu, lumineux,
m'aveugle.
Dehors,
des enfants jouent et des trains s'ébrouent lentement. Leurs cris
suintent des murs. Si je noie mon oreille de ces hurlements stridents,
peut-être mon tympan guérira ? Eviter enfin ces frayeurs hallucinantes !
Dans la salle d'attente, les regards s'humidifient, ceux des patients
tordus par mes hurlements. Cependant, chacun reste coi.
Etais-je
donc si mauvais général pour que les armées de soldats offerts contre
ces tortures itérées n'aient jamais su se battre pour effacer ces
trahisons ? La pire de toute, le plus grand bruit assassin : le silence
de mon père. Stridence isolante, mue en un infernal brouhaha qui,
aujourd'hui encore, me bouche les oreilles.


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