mardi 1 mai 2012

33 - bārākh habbā

p187Leurs dents me crèvent les tympans. L'une – une main ferme au front l'autre sur la nuque – s'évertue à me susurrer que tout va bien. Pourtant elle oblige ainsi ma tête à se pencher. L'autre – d'une voix nègre, penché sur cet orifice qu'il tente de percer de son stylet effrayant – un o.r.l. Qui s'énerve. Il a trois yeux. L'un d'eux, au milieu, lumineux, m'aveugle.



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Dehors, des enfants jouent et des trains s'ébrouent lentement. Leurs cris suintent des murs. Si je noie mon oreille de ces hurlements stridents, peut-être mon tympan guérira ? Eviter enfin ces frayeurs hallucinantes ! Dans la salle d'attente, les regards s'humidifient, ceux des patients tordus par mes hurlements. Cependant, chacun reste coi.


Etais-je donc si mauvais général pour que les armées de soldats offerts contre ces tortures itérées n'aient jamais su se battre pour effacer ces trahisons ? La pire de toute, le plus grand bruit assassin : le silence de mon père. Stridence isolante, mue en un infernal brouhaha qui, aujourd'hui encore, me bouche les oreilles.
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