
Chaque
jour, factice, déroule les mêmes rituels : en rire, faire rire, les
collègues. Le bon mot, absolument. A la française ! Parfois, les éclats
d'amusement deviennent si cristallins qu'ils font mal aux oreilles. Tout
cela sonne faux. Superficiels. Incohérents. Parfois idiots. Pas la
moindre brèche qui ferait entrevoir la possibilité d'une relation
humaine.
Le
mogwaï, sans doute, m'éloigne instinctivement des autres. Un peu
d'égocentrisme aussi, probablement. Toutes anecdotes qui les font rire
d'eux-mêmes, sont autant d'intimités partagées au sein de sérails dont
je me sens
exclu.
Ils se racontent leurs anniversaires, s'esclaffent encore de leurs
excès du week-end. Et je ris avec eux. Par politesse, oui. Aussi pour
m'offrir l'illusion d'appartenir à une communauté. D'y avoir une entière
place.

Un
mot mal entendu me ferait seul rire ? Une chuchoterie
incompréhensible ? Un sous-entendu non-maîtrisé ? Au moindre décalage,
tout vole en éclats : la viduité de la journée comble cruellement mon
espace. Alors je singe. Entrée en scène. Offrir à mes ci-devants une
caricature de moi-même. Pour les assembler de nouveau. Pour me donner
encore une chance de me croire des leurs. Comédien du quotidien, en
représentation permanente.
2 commentaires:
Cherche un autre moyen de communiquer avec eux, par exemple en posant une question sur la santé de leur enfant. Cela pourrait créer un peu de sympathie.
Ce n'est pas tant l'absence de sympathie qui pose problème que la sensation éprouvée d'isolement, de rejet lorsqu'ils affichent ces mines entendues. Mais on se calme, y'a pas mort d'homme non plus ! Depuis si longtemps que j'éprouve ce sentiment, je le gère très correctement. Il m'attriste encore parfois, néanmoins.
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