samedi 6 octobre 2012

02 – Peep-show

doucheChaque jour, factice, déroule le même scénario: réveil, douche, petit-déj', habits. Se rendre au travail.
Chaque jour, factice, déroule les mêmes rituels : en rire, faire rire, les collègues. Le bon mot, absolument. A la française ! Parfois, les éclats d'amusement deviennent si cristallins qu'ils font mal aux oreilles. Tout cela sonne faux. Superficiels. Incohérents. Parfois idiots. Pas la moindre brèche qui ferait entrevoir la possibilité d'une relation humaine.


Le mogwaï, sans doute, m'éloigne instinctivement des autres. Un peu d'égocentrisme aussi, probablement. Toutes anecdotes qui les font rire d'eux-mêmes, sont autant d'intimités partagées au sein de sérails dont je me sens fouleexclu. Ils se racontent leurs anniversaires, s'esclaffent encore de leurs excès du week-end. Et je ris avec eux. Par politesse, oui. Aussi pour m'offrir l'illusion d'appartenir à une communauté. D'y avoir une entière place.


Un mot mal entendu me ferait seul rire ? Une chuchoterie incompréhensible ? Un sous-entendu non-maîtrisé ? Au moindre décalage, tout vole en éclats : la viduité de la journée comble cruellement mon espace. Alors je singe. Entrée en scène. Offrir à mes ci-devants une caricature de moi-même. Pour les assembler de nouveau. Pour me donner encore une chance de me croire des leurs. Comédien du quotidien, en représentation permanente.
taiko

2 commentaires:

André a dit…

Cherche un autre moyen de communiquer avec eux, par exemple en posant une question sur la santé de leur enfant. Cela pourrait créer un peu de sympathie.

Guy Zulma a dit…

Ce n'est pas tant l'absence de sympathie qui pose problème que la sensation éprouvée d'isolement, de rejet lorsqu'ils affichent ces mines entendues. Mais on se calme, y'a pas mort d'homme non plus ! Depuis si longtemps que j'éprouve ce sentiment, je le gère très correctement. Il m'attriste encore parfois, néanmoins.