dimanche 28 octobre 2012

06 – Comme toi

nantes

Le printemps rend la lumière nantaise translucide, cristalline, sonore. A travers elle, la ville se floute. Le cœur ainsi anesthésié, tout était beau. Nous sommes-nous dit pardon ? Pas de souvenir de ça. Son odeur, ses yeux noirs...je l'ai suivi jusque chez lui, à deux pas de la vitrine fatale devant laquelle nos corps s'étaient heurtés par inadvertance.




 
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Faut pas faire attention, j'ai pas eu l'temps de ranger... Un petit balcon ouvrait la pièce principale de son appartement sur une cour intérieure baignée de soleil. Une cage, deux canaris saoulaient le voisinage d'un babil entêtant. Une planche à repasser pas repliée au milieu de la pièce. Non, je n'ai pas soif, merci. Nos langues d'abord, puis nos mains, ont eu raison de notre gène.






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J'ai peur, se confia-t-il. Oui, moi aussi. Donc nos caresses ont suffi à notre plaisir. Puis nos secrets se murmurèrent, encore nus. Marié-deux-enfants, pas lui juste vendeur de vêtements. Mes 30 ans bientôt, lui déjà 40. Ah ? Quoi, tu me crois pas ? Non, tu fais pas si vieux...je voudrais être comme toi dans dix ans. Ça l'a fait sourire. Yves, disait-il s'appeler.
A y repenser, j'ignore encore pourquoi nous avons chuchoté si bas dans ce vieil appartement de la rue Mal Joffre. Pour que le monde ne nous entende pas hurler notre même angoisse du temps qui passe, tu crois ?

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