Plus
de dix ans à vivre en compagnie de ce mogwaï m’a sans doute appris à
gérer les angoisses qu’il ne manque pas de générer. Du coup, le parcours
ressemble moins à une traversée du désert. Ceci dit, à quelques heures
d’un énième rendez-vous avec Fa, la tension me frappe les tempes, mes
jambes flageolent. Les coups de boutoir de Farid ne calment rien.
L’objet
du rendez-vous n’est pourtant pas énorme : juste vérifier ce que je
sens déjà, savoir que le nouveau traitement fonctionne bien. Mais les
mains de Fa sur mon corps, son regard inquisiteur sur ses instruments
qui me scrutent, ses questions opportunes qui me dérangent toujours
(« Comment allez-vous, Monsieur Chose ? Pas de prise de risque ? ») --
tout cela a le don de me déstabiliser... Je réponds toujours clairement,
simplement et systématiquement sans mentir. Mon salut est à ce prix qui
me coûte cher : dévoiler le plus intime de moi-même à une inconnue que
je connais. Toujours cette image de l'enfant fautif face à sa mère
érigée en juge.
Le désert, 漠 [ mò ] en Chinois.
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