Pas
de monographies touristiques, justes, vraies, de ces lieux. La
topographie doit être réinventée. Forcément fantasmée. Seule façon de
rendre une réalité acceptable.
Une Mustang verte qui rebondit dans les rues pentues à toute blinde. Au volant, Franck. La scène est culte. Autre chose ?
Oui,
bien plus tard, des couples étranges qui se tiennent la main en
déambulant sous un soleil écrasant. Ils sourient, extravagants. Certains
me paraissent improbables, du haut de mes 17 ans. Irréels presque.
Quoi ? Il existe sur cette Terre, un lieu où l'on peut ouvertement se
montrer dans la rue sans être stigmatiser ? Mais c'est là que je veux
vivre : au soleil. Parmi tous ces hommes. Se promener au bras de mon
ami, un jeune garçon aux yeux sombres qui, comme moi, aurait fui son
cercle familial trop rigide.
Dans
les années 80, Castro Street se vide. Les hommes se fauchent comme des
blés trop mûrs. San Francisco sera dernière à rester debout. Forcément.
Mais je sais qu'au bras de mon amant -- ou de son fantôme -- nous
continuerons à hanter ces trottoirs cultes de la culture gay. Nous nous
retournerons ensemble sur une Ford verte aux pneus crissants sur le
bitune gris et sale. Un sourire entendu se dessinera sur nos bouches
crispées en apercevant le chauffeur...qui nous rappellera peut-être
Steve McQueen dans Bullitt.
Et peu importe la date, n'est-ce pas ? 1968 ou 1987, 1995 ou de nos jours. Castro street est forcément un lieu d'éternité.
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