Yukio
m'avait expliqué : descendre à Shinjuku sanchōme. Marcher quelques
minutes sur Nakadai Dōri. Il faut absolument que tu manges au Cocoro
Café ! Je devais me débrouiller seul, sans Yukio trop occupé pour me
chaperonner.
Mais
Tokyo n'est pas en soi une destination. Seulement en rêve. Se noyer
dans la foule trop dense, composée exclusivement d'anonymes qui le
resteront quoiqu'il arrive. Yukio, seul ami japonais nommé. Ma clef pour
ce pays inaccessible.
Ensemble, plonger dans des onsen ( 温泉 ).
Se gaver des lumières de la pieuvre tokyoïte. Se griser de lenteur dans
le shinkansen. Mais j'aurais beau le fantasmer, ce pays sublime, chaque
vue me renvoie l'horreur du 11 mars.
Somme
toute, tous ces lieux rêvés, fantasmés, imaginés comme autant de
destinations... Je sais maintenant pourquoi je n'ai jamais voyagé.
Castro Street vidée. Ipanema violente. Hilton Beach touristique...
Chaque regard me ramène à un monde incohérent. Peut-être est-ce cela le
sens que je trouve dans ce drapeau qui m'obsède : un univers tout
blanc. Que les Hommes ont taché de leur sang.
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