mercredi 28 septembre 2011

31 - Plénitude


Les blessures infligées par Che-Nen cautérisaient grâce à une convergence d’évènements : les enfants quoique encore très jeunes, grandissaient, curieux de tout. Moi, pas du tout. Leur mère s’anesthésiait au gré d’un train-train bourgeois, loin de moi. Mon psychanalyste se fatiguait des séances trop régulières, moi pas encore. Farid comblait les vides de mes journées souvent creuses. Parfois, il m'arrivait de coller mon oreille sur le sol, tenter d'entendre au loin les évènements galoper vers moi.
Mon père, sans doute envieux de cette liberté de façade, se rapprocha de moi. Ma trentaine s’équilibrait tant bien que mal, sa soixantaine à lui s’amenuisait sereinement. Et la vie apparut alors aussi intangible qu’un équilibriste en plein exercice : rien ne devait, rien ne pouvait modifier cette certitude divine.




Peut-être  cette année-là ai-je rejoint cet improbable carrefour vers lequel convergeaient tous mes avatars : l’enfant, le mari, le père, l’amant, l’adolescent,  le professeur, l’homosexuel, le voisin, l’adulte. Tous ceux-là qui divergeaient en moi depuis si longtemps, me déséquilibrant à chaque pas devant l'autre.

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