Felipe
sort de Rocinha à pied sous 30°. Il m'a donné rendez-vous au poste 8
d'Ipanema. « C'est mieux qu'à Copacabana », m'a-t-il assuré. Je pense
que c'est surtout moins loin pour lui. Torse nu, les tétons, plats et
arrondis, suivent le mouvement musculeux de sa poitrine. Sous ses jeans,
ses fesses rebondies moulent sa démarche de Carioca. Devant, sa
braguette interroge des regards affamés. Ses pieds fins, nus, osseux
presque, semblent parfaitement adaptés à cette allure sans soucis et
pourtant si lourde d'un passé misérable.
Quelques
étendards m'indiquent la bonne direction. Ma démarche, lourde et
pesante, m'oblige à plus d'attention où mes pieds me portent. Une
fatigue qui me rappelle la nuit dernière au concert des Stones. C'est là
que j'ai rencontré Felipe. Un million sur cette plage...au moins ça, si
ce n'est plus ! Et il a fallu que nos seuls regards s'accrochent l'un
l'autre ! La nuit a été démente ! Des torrents humains se sont déversés
sur l'Avenida Atlântica ! Une marée humaine jusqu'à Leme !
Aujourd'hui,
les embruns grisaillent l'atmosphère qui reste, néanmoins, résolument
légère. Dans quelques jours, ce sera le carnaval et rien – légère brume
ou lourde fatigue – rien ne m'en détournera : j'ai parcouru la moitié de
la planète pour ça ! En attendant, j'inviterai Felipe au fond de mes
draps blancs. Et nous déjeunerons sur la terrasse de cet appartement que
j'ai loué Av. Epitácio Pessoa.
Ipanema
est un éden pour moi. Un paradis dans une ville cosmopolite. Un oasis
au centre d'un quotidien studieux. Les sourires des hommes. Leurs
maillots de bain jaspés. Et ce bariolage ethnique, âme profonde de cette
fantasmagorie qu'est mon Brésil.
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