dimanche 12 juin 2011

06 - Joël un été 1971


06 - Joël un été 1971Il avait 13 ans donc et s'appelait Joël. Peau mate, le cheveu noir de jais, le regard chocolaté. Ses petits bras musclés à peine, fins dépassaient de son maillot bleu foncé. Il portait des nu-pieds et un jean troué à un genou.
J'avais 10 ans et demi et je m'ennuyais ferme dans cette grande maison bretonne, fraiche au cœur de cet été 1971. Blond comme les blés, bronzé, yeux bleus. C'est la cousine qui m'a dit, agacée de me voir trainer à ne rien faire : « va donc voir le petit Joël ! Il habite au calvaire, la maison blanche juste en face. Lui aussi il s'ennuie. Vous jouerez à deux ! »

J'ai pas mis longtemps à le faire sortir de chez lui. Il a fait semblant de bricoler un vieux vélo, a fini par me demander un coup de main pour me forcer à me lever des marches du calvaire d'où je l'observais.
Ses avant-bras étaient tapissés d'un fin duvet de poils noirs et son regard aux yeux noisette obscurci par des sourcils aussi noirs que de l'encre. Je me souviens avoir été « impressionné » par sa beauté. Comme l'est une pellicule par la lumière : ma rétine a reçu sa beauté. Encore aujourd'hui, je le « vois » parfaitement. Chacun des plis de sa peau qu'il m'a peu à peu appris par cœur.
06 - Joël un été 1971
C'est énorme un premier Amour. Même à 10 ans et demi. Joël a orienté toute ma vie. A tel point que dix-huit ans plus tard, c'est à lui que j'ai dédié mon mémoire de maîtrise qui portait sur Jean Genet.

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